Nostalgie

Diss : «J’ai frappé Lemouchia dans le tunnel car il m’avait poussé à bout»

«Sans Belmadi, l’Algérie n’aurait pas remporté la CAN»

Auteur : Abdelatif Azibi lundi 23 décembre 2019 14:35

L’ancien défenseur emblématique de l’USMB, Ismaïl Diss, nous a accordé un long entretien à travers lequel il est revenu sur sa longue et riche carrière à Blida mais aussi à l’Entente de Sétif où il a remporté pas mal de titres. Diss nous a parlé à cœur ouvert notamment des sujets qui fâchent. Il nous a aussi raconté des anecdotes qu’il a vécues lorsqu’il était joueur que ce soit à l’USMB ou à l’ESS. Des déclarations jamais accordées aux médias.

Que devient Smaïl Diss depuis qu’il a mis fin à sa carrière de footballeur professionnel ?
Cela fait quelques années que je me suis installé à Oran. J’ai vécu pendant quelque temps à Mostaganem, chez moi, avant de venir ici à Oran. Je m’occupe de mes petites affaires. Je vis avec ma petite famille. J’ai 2 enfants Khadidja qui a 11 ans et Bachir qui vient de boucler ses 8 ans. Après ma longue carrière de footballeur, je me rends compte aujourd’hui que la famille et les enfants, c’est ce qu’il y a de plus important dans la vie.
Vous avez quitté définitivement le monde du football depuis 2012. Peut-on en connaître les raisons ?
Après avoir mis fin à ma carrière, j’ai occupé le poste de manager des jeunes catégories au sein de l’ES Mostaganem. J’ai travaillé pendant 4 mois environ, avant de me retirer. Je n’ai pas pu poursuivre car j’avais vu des choses anormales. Je ne pouvais pas me taire. J’ai donc décidé de me retirer. Depuis, je n’ai plus travaillé dans un club. J’estime que le monde du football est vraiment pourri. Je ne me reconnais plus dans ce milieu.
Peut-on vous voir de nouveau dans le monde du football ?
Comme entraîneur, non. Mais comme manager, possible. À condition de trouver un environnement adéquat. Je suis un homme honnête qui se donne à fond dans son travail. Je refuse de travailler avec des incompétents.
Y a-t-il des clubs qui vous ont proposé le poste de manager général ?
Oui, il y a eu les dirigeants de l’USMB qui m’ont proposé l’idée de venir travailler au club. J’ai de très bonnes relations avec le club mais aussi avec les supporters de l’USMB dont certains continuent de m’appeler jusqu’à aujourd’hui. Mais j’ai dû refuser l’offre car la situation n’est pas très claire. Le club se trouve dans une situation vraiment difficile et j’ai vraiment mal au cœur en le voyant ainsi.
En gros, comment résumez-vous votre carrière ?
J’estime que j’ai eu une carrière honorable. J’ai débuté à l’ES Mostaganem avant de signer à l’USMB. Je me suis imposé petit à petit dans ce club jusqu’à me faire un nom. J’ai connu de grands dirigeants à l’image de Zaïm et Sidi El Kebir qui ont toujours été corrects avec moi. J’ai par la suite joué dans un autre grand club qu’est l’ESS. J’ai joué par la suite à l’USMBA avant de mettre fin à ma carrière. Je ne regrette rien et je pense que j’ai laissé une bonne impression du joueur que j’ai été.
Que gardez-vous de votre passage à l’USMB ?
C’est là où je me suis forgé le plus. J’ai été très régulier et je n’ai pratiquement raté aucun match. D’ailleurs, quelques années plus tard, j’ai signé dans un club turc avec Amani. On m’a proposé à l’époque 4 milliards. Mais j’ai fini par revenir car le président à l’époque Zehaf ne voulait pas me libérer. J’ai signé pour 600 millions seulement à Blida. C’est pour vous dire que l’argent n’a jamais été une priorité pour moi.
Pourquoi avoir choisi l’ESS ?
Mon départ à Sétif s’est fait par hasard. Je me suis déplacé je me souviens à l’hôtel Hilton pour réserver une salle pour mon mariage. J’ai rencontré Serrar par hasard qui se trouvait en compagnie de toute l’équipe. Il m’a proposé l’idée de signer au club. J’étais en fin de contrat. J’avais demandé à Zaïm de renforcer l’équipe car beaucoup de joueurs étaient partis cet été-là. Mais il ne l’a pas fait. J’ai donc décidé de partir. Lorsque les supporters de Blida ont appris la nouvelle, ils étaient venus en nombre à mon domicile à Khezrouna où je résidais. J’ai dû quitter ma résidence dans une voiture fumée pour fuir la pression de la rue.
Vous n’avez certainement pas regretté votre choix…
Absolument pas. J’ai gagné de nombreux titres avec l’Entente de Sétif. Ç’a été vraiment une riche expérience pour moi.
Selon vous, pourquoi on vous a collé cette étiquette de joueur dur ?
Pour la simple raison que j’étais un dur sur le terrain. Par contre, là où les gens se trompent, c’est lorsqu’ils disent que Diss est un hagar. Je n’en suis pas un et je ne l’ai jamais été. J’ai toujours respecté mes partenaires et mes entraîneurs. Mais lorsque je suis sur le terrain, il est vrai que je deviens un autre homme car je me donne toujours à fond. D’ailleurs, j’ai une anecdote à vous raconter à ce sujet.
Allez-y ?
Lorsque j’étais à l’Entente, je me souviens que Belkaïd s’était accroché avec Aoudia la veille du match face à l’USMH. Je suis allé lui parler pour le calmer et il s’en est violemment pris à moi. On s’est accrochés, avant de se déplacer à Alger. Le lendemain, l’entraîneur nous a alignés ensemble dans l’axe. Nous avons fait l’un des meilleurs matchs. On s’était imposés au final 2 buts à 1 je crois. C’était la saison où nous avons remporté le doublé. À la fin de la rencontre, Hammar était surpris car il savait que nous nous étions chamaillés la veille. Nous lui avons expliqué que nous étions des professionnels et que seul l’intérêt de l’équipe comptait à nos yeux. C’est pour vous dire que même s’il y avait des petites disputes, nous avions la tête froide. D’ailleurs, même Ziaya me disait toujours qu’en dehors du terrain, j’étais un autre homme.
Vous avez beaucoup souffert avec les supporters adverses car l’accueil était souvent hostile pour Diss…
C’est vrai. Mais croyez-moi, ce sont les insultes qui me poussaient à faire de grands matchs. Jamais cela ne m’a affecté. Lorsque je rentrais sur le terrain, j’étais un véritable guerrier et j’avais le sentiment que rien ne pouvait m’arrêter.
Est-il vrai que vous avez levé la main sur votre entraîneur Aït Djoudi à l’époque ?
C’est complètement faux. Jamais ne n’ai levé la main sur lui ni sur aucun autre entraîneur. Il est vrai que nous avions connu des différends notamment la veille du match de Coupe arabe, mais jamais je ne me serais permis de lever la main sur mon coach. Je me souviens que la veille du match face à Monastir, il m’avait annoncé que j’étais remplaçant. J’ai très mal pris la nouvelle. Mais le lendemain, j’ai joué d’entrée et Aksas n’était pas content. Avec du recul, je n’en veux ni au coach ni à Aksas qui était un jeune joueur ambitieux. Aït Djoudi avait du mal à annoncer son onze de départ car il y avait pas mal de grands joueurs, à l’image de Laïfaoui, Francis, Belkaïd, Ziaya, Hadj Aïssa et les autres. C’était difficile pour un entraîneur de laisser des noms pareils sur le banc.
Que s’est-il passé entre vous et Lemouchia dans le tunnel lors de ce fameux match ESS-USMA ?
C’était un match à grand enjeu. J’avais eu une prise de bec avec Lemouchia sur le terrain et je n’ai pas apprécié ce qu’il m’avait dit. A la mi-temps, je l’ai frappé dans le tunnel car il m’avait poussé à bout. Aujourd’hui, cette histoire fait partie du passé.
Vous a-t-on déjà accusé d’avoir arrangé un match ?
Jamais, je n’ai jamais arrangé le moindre match. Cela ne fait pas partie de mon éducation. Je me suis toujours donné à fond et tout le monde sait que je suis honnête.
Revenons à votre carrière en sélection. Certains estiment que vous n’avez pas eu la chance qu’il fallait avec les Verts...
C’est vrai que j’ai eu une courte carrière internationale mais il faut rappeler aussi qu’à mon époque, il y avait aussi de grands joueurs à l’image de Zeghdoud. Il y avait une énorme concurrence en défense en sélection. Je reste tout de même satisfait de ce que j’ai fait avec l’Equipe nationale.
Comment trouvez-vous la sélection nationale aujourd’hui ?
Je dois dire que la venue de Belmadi est une bénédiction pour l’Algérie. Sans lui, on n’aurait certainement pas remporté la Coupe d’Afrique. Je suis fier de cette équipe et je souhaite vraiment qu’on puisse faire encore mieux lors des prochaines échéances, notamment en Coupe du monde au Qatar. Nous avons des joueurs de qualité qui peuvent encore faire des merveilles. Je souhaite aussi le meilleur pour notre pays dans les prochaines années.
Enfin, dites-nous ce que vous envisagez de faire dans les prochaines années ?
Pour être honnête avec vous, j’ai voulu lancer à Mostaganem un complexe sportif avec une école de football. J’ai présenté le projet au wali mais je n’ai eu aucune réponse à ce jour. J’ai présenté tout le plan du complexe qui comporte des terrains mais aussi un hôtel et toutes les commodités qu’il faut pour un centre grandiose. Je souhaite que mon projet puisse enfin voir le jour car c’est le football national qui en tirera bénéfice.

 

 

Publié dans : aoudia Belmadi Aït Djoudi Zaïm Lemouchia Diss

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