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lundi 18 août 2014 22:23
Lucas, lors de votre première saison complète, vous avez alterné les statuts de titulaire et de remplaçant. Comment vivez-vous cette situation ?
Une chose est certaine : tout le monde veut jouer et être titulaire. Personne n'aime être sur le banc. Nous avons une équipe très compétitive. Ici, les places sont très chères. Il s'agit de joueurs confirmés, talentueux et plus expérimentés. Mais je suis bien dans ma tête, je suis très tranquille. Je sais que mon heure viendra, je patiente en travaillant dur à l'entraînement et pendant les matches. L'important, c'est de côtoyer ces joueurs, de faire partie de l'équipe et de lutter pour décrocher des titres. Quand ma chance viendra, je saurai la saisir.
Malgré votre talent individuel, votre style de jeu est-il compatible avec le football à l'européenne ?
Mon style de jeu est ce qui fait de moi un joueur différent, ce qui m'a permis d'arriver là où je suis aujourd'hui. Je dois assimiler la philosophie européenne et embrasser ses caractéristiques sans renier mon style. Je pense que je dois sans cesse m'améliorer. Je ne serai jamais satisfait de mon football. Je dois encore améliorer les bases. Et pas seulement du point de vue tactique. Idem pour mon apport offensif et le travail défensif. Cela dit, j'ai été satisfait de mes performances. Les chiffres montrent que j'ai été plutôt utile à l'équipe. Même si je n'ai pas toujours été titulaire, j'ai participé à de nombreuses rencontres. En Europe, c'est une chose assez fréquente. Du point de vue de la tactique, je pense m'être bien adapté. Je me suis rendu compte de mes lacunes et j'ai étoffé mon jeu. Mon style, c'est de jouer en direction du but, de foncer balle au pied mais j'ai pu développer d'autres caractéristiques.
C'est précisément une action typique de votre style de jeu, en mars dernier, lors du clasico, qui a fait le tour du monde. Qu'est-ce que cela vous a fait de ne pas marquer après une aussi belle action ?
Je sais que c'est ce qui peut faire basculer une rencontre. En match, cette phase de jeu, je l'avais déjà en tête. Pendant l'action, je ressentais déjà l'excitation du public mais c'est après que j'ai compris à quel point c'était spécial. Je n'ai pas dormi de la semaine, je n'arrivais pas à croire que le ballon ne soit pas rentré. Cette action restera comme l'une des plus belles de ma carrière, de celles que l'on n'oublie pas. Tous les supporters de Paris que je rencontre m'en parlent.
Le PSG a remporté les deux dernières éditions du championnat de France. En Ligue des champions, il a atteint les quarts de finale. Le sacre européen est-il devenu l'objectif numéro un ou est-ce trop dangereux de tout miser sur ce tournoi ?
Nous sommes conscients de nos responsabilités. Bien entendu, décrocher la Ligue des champions n'est pas seulement le rêve du président et de l'entraîneur, mais aussi celui de tous les joueurs. Pour autant, on ne peut pas se permettre de négliger le championnat de France. On ne peut pas nier notre statut de favori ; ce serait de l'hypocrisie. Néanmoins, c'est sur le terrain que nous devons faire valoir ce statut et c'est loin d'être aussi facile que ce que tout le monde imagine. C'est un championnat très physique et disputé. Nous devons tenir le rythme et nous répartir sur les deux tableaux. Nous avons les joueurs pour y arriver. Il règne clairement un climat de confiance en ce début de saison et nous le devons à l'entraîneur et au président. Nous avons échoué en quarts de finale à deux reprises, respectivement contre Barcelone et Chelsea, mais le plus important est de continuer à jouer à ce niveau. Cela faisait de nombreuses années que le PSG ne disputait plus cette compétition. Aujourd'hui, il faut que cela devienne une habitude, que l'on continue de progresser dans ce tournoi, que l'on s'imprègne de l'ambiance du public, et je suis certain que le succès sera au rendez-vous.
Venons-en à la Coupe du Monde de la FIFA. Avez-vous suivi le tournoi de chez vous et les matches du Brésil en particulier ?
Oui, j'étais en vacances au Brésil avant de reprendre les entraînements de la pré-saison et j'ai tout suivi. Je ne suis pas allé au stade mais j'ai tout vu à la télévision ; je supportais le Brésil avec mes amis. Ce qui est arrivé à la Seleção est un cauchemar que personne n'aurait pu imaginer. Évidemment, tout le monde connaissait l'Allemagne. C'est une équipe qui figure toujours parmi les favoris. Ce qui est arrivé est un accident, comme cela arrive dans le football, malheureusement pour le peuple brésilien. Pendant la Coupe du Monde, j'ai vu de nombreuses personnes qui avaient des pensées négatives au sujet de notre pays, pour se protéger des problèmes. Mais le Mondial a surpris tout le monde et c'était vraiment bien de voir ce qui se passait en tribunes. Ça a été une bonne surprise.
Quand on suit la Coupe du Monde à la télévision, est-on divisé entre le fait d'être un supporter et joueur professionnel, sachant que l'on pourrait être là, sur le terrain ?
Un peu des deux, en fait, quelque part entre le supporter et le sportif. D'une certaine façon, je me sentais un peu comme si j'étais là aussi. J'avais passé beaucoup de temps avec cette équipe, qui n'a pas beaucoup changé depuis la Coupe des Confédérations. J'étais triste. La demi-finale, je l'ai vue en Afrique, où nous étions en préparation. Marquinhos et moi l'avons regardée ensemble et c'était une expérience plutôt douloureuse. Personne n'a vraiment compris. Maintenant, il faut aller de l'avant. Le mal ne disparaîtra que quand on recommencera à jouer.
Parlez-nous des retrouvailles avec Thiago Silva, Maxwell et David Luiz. Avez-vous abordé le sujet ou plutôt parlé d'autre chose ?
C'est difficile. Vous imaginez le nombre de personnes qui leur ont déjà parlé de ça, posé des questions, commenté. Je pense que ce qu'ils souhaitent avant tout, c'est oublier. Bien entendu, cela restera gravé dans les mémoires, mais le souvenir s'estompera à force de jouer. Pour moi, il faut tourner la page et aller de l'avant. Nous devons tous repasser en "mode Paris" et nous concentrer sur les compétitions qui nous attendent. La vie continue.
Le Brésil a désormais un nouveau sélectionneur. Espérez-vous pouvoir réintégrer cette équipe dans l'optique de Russie 2018 ?
La Seleção a toujours été mon objectif. Tout le monde sait qu'à chaque changement de sélectionneur, l'espoir et la motivation augmentent. Chacun sait que c'est un nouveau projet et que chaque entraîneur a sa façon de voir les choses. Je sais que j'en suis capable. Ce n'est pas par hasard si j'ai joué pendant près de trois ans en sélection. Cela dépend de moi ; je dois donner le meilleur de moi-même sur le terrain car je suis sûr que Dunga sera attentif. La possibilité existe donc réellement.
Vous faisiez partie du groupe. Avez-vous réellement eu l'occasion de prouver votre valeur, via le système de "séquence de matches" mis en place par l'ancien sélectionneur Luiz Felipe Scolari ?
Il est difficile d'en parler. Tout le monde sait que dès que l'on parle, cela peut créer des polémiques. Tout le monde sait aussi que je n'ai pas disposé de la séquence de matches que j'aurais souhaité avoir. J'aurais voulu jouer plus. J'ai eu une occasion d'être titulaire sous les ordres de Felipão et j'ai finalement été remplacé à la pause (en octobre dernier, lors d'une victoire 2:0 face à la Zambie). Cela a compromis mes chances, comme cela aurait été le cas pour n'importe quel joueur. Or, il faut jouer pour gagner en confiance. Auparavant, cela avait déjà été le cas. J'entrais en jeu à 10, 15 minutes de la fin, dans un match donné. Ce n'est pas une critique. C'est un choix de l'entraîneur et je dois le respecter. Bref, j'ai l'esprit tranquille. Rien ne sert de ressasser le passé, de repenser à ce qui aurait pu se passer si les choses avaient été différentes. Aujourd'hui, je veux juste pouvoir montrer ce dont je suis capable.
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lucas moura