Auteur :
A. L.
jeudi 13 juin 2019 13:24
C’était dans l’air depuis cette AG extraordinaire très houleuse, le nouveau président du MCO, Nasreddine Karaouzene, n’a pas tenu plus de 24 heures puisqu’il a fini par céder à la grande pression exercée sur lui par plusieurs parties à Oran. Se sentant indésirable par une grande partie des supporters mais surtout par des autorités locales trop impliquées dans la vie quotidienne du club à leur tête le directeur de la Jeunesse et des Sports, Nasreddine Karaouzene a décidé hier matin à la première heure d’annoncer sa démission. Il faut dire que ce jeune président qui croyait que sa bonne volonté et son amour pour les couleurs du club seront suffisants pour diriger le MCO s’est finalement heurté à la dure réalité d’avoir mis le pied sur un terrain qui lui était inconnu.
Il a découvert un monde impitoyable
Plébiscité par l’ensemble des actionnaires de la SSPA/MCO, Karaouzene tout heureux d’avoir réalisé un rêve d’enfance qui est de s’installer à la tête d’un club dont il est un fervent supporter ne savait pas encore ce qu’il attendait. Il n’a attendu que 24 heures pour constater qu’il avait hérité d’un cadeau empoisonné. Lâché juste après la fin de l’AG par les actionnaires de la SSPA et des membres du CA, le nouveau président s’est retrouvé étrangement seul face à un groupe de supporters très en colère contre la non-venue de Hyproc. Sans aucune sécurité puisqu’il n’y avait pas de policiers en tenue dans les lieux, Karaouzene a dû faire preuve de diplomatie pour éviter la grogne des supporters. Très marqué par cette scène désolante et dont les images ont fait le tour des chaînes privées, le président, qui a tenté de se mettre rapidement au travail, s’est heurté avant-hier à une série d’écueils qui l’ont vite descendu de son nuage.
«Je renonce à la présidence pour ne pas salir mon nom»
Estimant que la situation était devenue intolérable, Karaouzene affirme avoir pris la sage décision de renoncer à la présidence du MCO. «Je suis un homme issu d’une bonne famille et qui n’aime pas voir le nom de ses parents salis par quelques énergumènes. J’ai été confronté aux pires obstacles lors de mes premières heures au Mouloudia. J’ai senti que des forces occultes ne voulaient pas de moi. Au lieu de faire une résistance inutile, j’ai décidé de prendre la sage décision de renoncer à la présidence et laisser le temps nécessaire à mes successeurs de préparer le prochain exercice», affirme Karaouzene qui n’a résisté que 24 heures à la tête du club.
«Le DJS a refusé de m’accueillir»
La première raison qui a poussé Karaouzene à quitter la présidence est due essentiellement au refus du DJS de l’accueillir dans son bureau au lendemain de son accession à la présidence. «Après avoir subi tout genre de pression à la fin de l’AG où je me suis retrouvé seul face à celle des supporters, j’ai quand même repris mes esprits et j’ai décidé d’aller voir le DJS pour avoir un rendez-vous avec le wali d’Oran mais il a refusé de m’accueillir à plusieurs reprises avant de quitter la DJS sans me le dire. J’ai senti donc qu’un stratagème se dressait contre moi et j’ai fait aussi le lien avec les incidents de cette AG qui a été organisée par le DJS sans la présence des services de sécurité», dira d’emblée Karaouzene.
«Le wali m’a encouragé»
En revanche Karaouzene a affirmé que le wali d’Oran l’avait encouragé dans sa mission. «Je ne vise pas les autorités locales de la ville d’Oran en entier. D’ailleurs, j’ai eu le wali d’Oran au bout du fil et il m’a encouragé me souhaitant bonne chance. Ce que je n’ai pas compris, c’est la réaction du DJS qui a refusé de m’accueillir. C’est là que j’ai senti qu’il y avait anguille sous roche», enchaîne encore le président démissionnaire.
«Mes amis et ma famille ont été choqués par les scènes de l’AG»
Karaouzene affirme que les images parues sur les réseaux sociaux et les chaînes privées dans lesquelles il était en affrontement direct avec des supporters surexcités ont choqué plus d’un dans son propre entourage. «Mes amis et les membres de ma famille ont été choqués de ces images où j’ai dû me défendre quelques minutes après mon élection. Ils m’ont demandé tous de quitter cet entourage», poursuit-il.
«Les actionnaires et les membres du CA m’ont lâché»
Le président s’est rendu compte avec du recul qu’il avait été lâché par les actionnaires et les membres du CA qui ont quitté la salle Dubaï de l’hôtel Le Méridien le laissant seul affronter les supporters. «J’ai été lâché par tout le monde que ce soit les actionnaires ou les membres du CA dont certains ont démissionné et d’autres se sont envolés vers l’étranger. Ce n’est pas normal ce qui se passe, non ?» Se demande-t-il.
«J’étais sur le point d’engager un grand entraîneur»
Le président affirme avoir commencé les contacts préliminaires avec des entraîneurs devant prendre en main l’encadrement technique de l’équipe. «J’ai décidé de faire vite car l’équipe était prise par le temps. J’ai pris langue avec un grand entraîneur pour lui confier l’encadrement technique. Malheureusement, ce revirement de situation a tout fait tomber à l’eau», indique-t-il.
«J’ai discuté avec Djabou»
Le président sortant affirme avoir également discuté avec de grands joueurs citant même le nom du meneur de jeu de l’Entente. «Oui, j’ai eu une discussion avec Djabou et d’autres grands joueurs tels que Belkhiter et Tabti. J’avais une liste très élargie pour bien renforcer l’équipe», enchaîne-t-il encore.
Benzerga, Acimi et Bessedjerari démissionnent
Les membres du CA commencent à démissionner un par un. Après le retrait de Mehiaoui le jour-même de l’AG est venu le tour de Redouane Benzerga d’annoncer sa démission avant-hier dans la soirée avant que Bessedjerari Nasreddine lui emboîte le pas dans la matinée. Même Réda Acimi a jeté l’éponge estimant n’avoir aucun rôle dans cette situation au sein du CA. Il faut dire que ces trois anciens joueurs ont fini par céder à la pression de la rue.
Vers la programmation d’une nouvelle AG
Après les départs du président, Karaouzene suivi par Mehiaoui et trois autres membres, désormais seul Djebbari, qui se trouve d’ailleurs à l’étranger, est en place au sein de ce CA. Cela va certainement obliger les actionnaires toujours conseillés par les autorités locales à programmer une autre AG extraordinaire pour provoquer une assemblée extraordinaire et désigner un nouveau conseil d’administration.
Les autorités locales dans l’embarras
Cette situation critique dans laquelle se trouve actuellement le club risque de mettre dans l’embarras les autorités locales de la ville. Ayant décidé d’accompagner le Mouloudia jusqu’au bout, les pouvoirs publics qui ont donné l’impression d’avoir mainmise sur la situation notamment lorsqu’ils ont forcé Baba à organiser l’AG et déposer sa démission voient finalement les choses leur échapper des mains. Certainement pas convaincus par l’élection de Karaouzene et redoutant la colère des supporters, les pouvoirs publics qui donnent l’impression de ne posséder aucune solution de rechange risquent de ne pas pouvoir maîtriser la situation. Lorsqu’on voit quelqu’un comme Belabbès se retirer d’une manière officielle et un Mehiaoui abandonner sa place au CA, Larbi Abdelilah mettre en vente ses actions et Baba ne plus accepter de revenir même comme membre du CA, l’on comprend que la situation est devenue critique et dangereuse à la fois. Les autorités locales, à qui on reproche de n’avoir pas dit toute la vérité sur la manière avec laquelle Hyproc va prendre en charge le Mouloudia, seront mises à présent à l’index. Tous les regards seront en effet tournés vers le wali et le DJS pour trouver une solution d’urgence.
On regrette déjà Baba
Qu’on le veuille ou non, cela fait cinq ans qu’on n’a pas assisté à une telle mascarade au Mouloudia sous le règne de Belhadj Ahmed. Les intersaisons passaient comme une lettre à la poste. Le désormais ex-président du MCO, chassé par un bon nombre de supporters et par les autorités locales de la ville, n’avait aucun grain de sable lorsque sa machine de recrutement se mettait en branle durant les précédents mercatos estivaux. Les supporters ne trouvaient à discuter qu’à propos de la valeur des joueurs et des compétences du nouvel entraîneur et ses assistants. Le reste était souvent presque parfait.
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