Auteur :
Moumen Ait Kaci Ali
mercredi 29 janvier 2020 11:58
Tout d’abord, Nacer, on imagine que vous suivez toujours les infos de la JSK…
Je suis toujours informé et je regarde toujours ce qui se passe à la JSK, ce qui était bien c’était l’an dernier où Frank Dumas avait réalisé un bon travail, il avait commencé à bâtir quelque chose d’intéressant, après je ne connais pas les raisons de son départ. Ensuite il y a eu l’arrivée d’Hubert Velud, j’ai eu l’occasion de venir à Tizi Ouzou pour voir la JSK et j’ai pu regarder pas mal de choses intéressantes. Il y avait de l’ambition et, franchement, j’avais bien aimé. J’avais vu, à vrai dire, une équipe très intéressante, après en Algérie parfois lorsqu’on commence à construire, on peut être confronté vite fait à des problèmes sans savoir vraiment pourquoi.
C’est l’élimination en Coupe puis en Ligue des Champions qui a fait réagir tout le monde…
Pour moi, c’était une poule vraiment compliquée. Il y avait quand même de vrais favoris. Je parle du Raja, l’Espérance de Tunis et, bien entendu, Vita Club. A première vue, on se dit qu’il y avait un bon coup à jouer, après, le problème des joueurs en Algérie réside au niveau des difficultés des matchs en Afrique, surtout à l’extérieur ; et là je crois qu’Hubert n’avait pas trouvé les mots qu’il faut pour motiver les joueurs dans des derbys comme ça. Je l’ai vécu avec le MOB la dernière fois et je peux vous dire qu’en Afrique il y a des discours qu’il faut avoir avec les joueurs et je pense que Velud n’a pas trouvé l’équilibre qu’il faut pour permettre à l’équipe de prendre son envol. C’est ce qui s’est passé aussi en Championnat et en Coupe d’Algérie avec les résultats qu’on connait.
C’est quoi le problème, selon vous ?
C’est un tout, à mon avis, le management, la gestion de l’effectif et la qualité des joueurs aussi. Je pense que, sur le plan défensif, la JSK a manqué d’un ou deux éléments capables d’apporter plus de sérénité pour pouvoir espérer de meilleurs résultats en Champions League. Vous savez mieux que moi que la force d’une grande équipe est avant tout une bonne base défensive.
Il y avait quelques prémices d’une crise, avec des résultats en dents de scie, ne pensez-vous pas que le mercato a été mal géré ?
Franchement, je ne sais pas trop quoi dire. Le recrutement et tout ce qui ensuite se passe à l’intérieur, donc sur ce qu’on a pu voir l’année passée par exemple, il y avait pas mal de bons jeunes, ça tournait pas mal. Après, bien entendu, cette fragilité à l’extérieur, notamment en Ligue des Champions, là on peut dire qu’il y avait un problème à ce propos.
Vous avez quitté la JSK à cause d’un problème d’environnement, pensez-vous que ce qui s’est passé à Casablanca a peut-être mis le club sous pression ?
C’est clair ! Après c’est ce qu’on appelle la gestion des intérêts de certains groupes à l’intérieur d’un club. Il y a toujours des gens qui s’articulent autour de la présidence et qui sont allés chercher le président. Il y a des forces parfois qui ne rendent pas service à la JSK comme sur ce qu’on a pu voir au Maroc. Je n’ai jamais vu cela, ce qui s’est passé est très grave. Vous savez, il y a aussi des forces obscures qui viennent freiner l’évolution de ce grand club. La JSK est revenue au premier plan et on voit déjà certains cris de jalousie qui veulent créer des problèmes au club.
Pourquoi en est-on arrivé là, selon vous ?
Parce qu’il n’y a pas l’autorité nécessaire capable de gérer et d’entretenir une relation avec tout le monde, qui soit capable de faire la paix avec tout le monde.
Vous voulez dire qu’il manque un homme capable de rassembler et de fédérer tout le monde pour la bonne cause ?
Voilà, il faut trouver le médiateur, l’homme qu’il faut, capable d’instaurer la sérénité au sein de la famille kabyle. On se rappelle tous qu’au temps de Khalef il y avait ces choses qui favorisent l’épanouissement et la progression de ce grand club. Même à l’époque où Hannachi gagnait des titres en Afrique, il y avait cette paix et ces gens de l’ombre qui faisaient le job pour favoriser l’entente au sein du club. Maintenant, il faut trouver cet homme capable d’apporter la parole juste car la JSK elle ne vole pas ce qu’elle gagne, elle ne gagne jamais dans les coulisses, tout ce qu’elle gagne c’est avec ses bras et sa force et si elle n’a pas cette tranquillité et ce calme qu’il faut elle ne peut jamais aboutir. Impossible !
Après avoir perdu deux objectifs, la LDC et la Coupe d’Algérie, maintenant il faut viser le titre ou se contenter d’une place sur le podium pour chercher la sérénité…
C’est compliqué lorsque tu perds comme ça d’entrée deux objectifs majeurs de la saison de se fixer un autre objectif. Après, je dirais que si la JSK avait atteint le quart de finale de LDC ou une demi-finale ça aurait redonné un vrai dynamisme au club et à toute la région, mais aujourd’hui se relancer directement et viser le Championnat, ça ne va pas être simple de gérer la relation entre les joueurs, le public, la direction et tout. Alors je dirais qu’il va falloir montrer que tout ce qui s’est passé n’est qu’un simple incident de parcours et mettre le championnat comme une priorité en visant une place qualificative à la Ligue des Champions. Il faut tout remettre en place pour y arriver.
Pour y arriver, la JSK a engagé un entraineur tunisien, en la personne de Zalfani, que pensez-vous de ce contrat de 3 ans ?
Je n’ai rien à dire, no comment !
Seriez-vous prêt à venir en aide au club ?
Actuellement, je suis à la Fédération française de football je travaille dans la formation des entraineurs. Après, la JSK, on ne peut pas lui tourner le dos, si le projet est constant et cadre avec ma vision de ce grand club, pourquoi pas ? La JSK c’est chez moi !
Vous avez toujours dit que la JSK est plus qu’un club, faut-il alors compter sur ses enfants pour construire une grande équipe capable de dominer l’Afrique ?
La JSK est aussi le symbole de l’Algérie en Afrique. Après, la présence des enfants du club est primordiale, c’est eux qui apportent la sécurité et montrent aux joueurs le devoir à accomplir vis-à-vis de ce grand club. Après, il faut de grandes compétences autour de l’équipe. Les staffs technique, administratif et logistique, et sur le plan de la communication et du marketing. Un projet ce n’est pas seulement des paroles aussi. Il faut des hommes au plus haut niveau de compétences comme c’est le cas au Raja et à l’Espérance de Tunis. Ils ont un grand respect pour les hommes qui ont construit le nom de leurs clubs, voilà comment ils sont parvenus à rebondir en Afrique.
Iboud avait parlé de certains agents et managers qui voulaient imposer leur diktat au club, avec des joueurs qui n’apportent rien à l’équipe, c’est ce pourquoi la présence de compétence est obligatoire ?
Oui bien sûr, il faut s’entourer de personnes compétentes qui refusent les médiocrités. Après, même les supporters dans les tribunes reconnaissent les joueurs médiocres, que dire alors des enfants du club avec une certaine connaissance dans le domaine footballistique ? Il ne faut pas mentir aux gens et tout mettre sur le dos de l’entraîneur.
Optimiste pour l’avenir de la JSK ?
Je suis malheureux, franchement, pour la JSK car je croyais qu’il y avait de la place pour faire quelque chose. Maintenant, il faut retenter le coup de l’année dernière où personne n’avait prédit la deuxième place de la JSK et au final on l’a fait. Il faut tout mettre en œuvre pour faire de cette élimination un point positif et permettre à tous ces gens-là qui ont découvert l’Afrique de progresser et d’apprendre des erreurs commises. Vous allez me dire que la JSK a fait 40 ou 60 campagnes africaines, je sais ce que je dis parce que j’en ai fait aussi pas mal avec ce club, mais pour cet effectif et la majorité de cette direction c’est un peu une découverte.
Le public est de retour au stade du 1er-Novembre qui fait le plein, c’est un atout que les joueurs doivent saisir ?
Effectivement, franchement, l’accueil qu’on m’a réservé à Tizi Ouzou m’a fait rappeler de très bons souvenirs, ça m’a donné des frissons. Pour revenir à votre question, les joueurs qui signent à la JSK doivent comprendre que ce club est un symbole qui te transcende. Il faut comprendre qu’à la JSK on peut se séparer des joueurs, mais jamais de son public. C’est pourquoi les joueurs doivent faire le nécessaire pour mériter le respect de leurs supporters. Après, je ne sais pas si les entraineurs font passer ce message, c’est pour cela que la présence des anciens joueurs est importante pour expliquer aux joueurs ce que c’est la JSK, ils ne lisent que les lettres. S’il faut mettre dans le vestiaire du club l’histoire de la JSK alors il va falloir la mettre, car les joueurs ont besoin de cours d’histoire.
Un conseil à donner au président Mellal ?
Il faut rester calme, dans un club il y a toujours des tempêtes qui arrivent et il faut rester calme et lucide pour prendre les décisions qui s’imposent. Je crois qu’ils ont été très vite dans le choix du nouvel entraineur et dans la décision du limogeage de Velud. Je crois qu’ils auraient dû attendre un peu. A mon avis, cet entraineur ne connait pas bien la JSK, il n’a pas l’expérience de ce grand club, ça ne va pas être simple. Je crois que la direction doit réfléchir avec les gens qui ont envie de réfléchir.
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