Auteur :
Saïd Fellak
mardi 04 avril 2017 22:04
Après son départ de l’EN au lendemain de la désillusion subie au Gabon, George Leekens avait choisi de rester à l’abri des médias et de ne pas répondre à leurs nombreuses sollicitations. Plus de deux mois après, il a enfin accepté de s’exprimer et de revenir en exclusivité pour Le Buteur sur sa courte expérience à la tête des Verts.
Depuis votre départ de la sélection algérienne, vous avez observé le silence. Pourquoi ?
Ecoutez, c’était normal que je prenne un peu de recul par rapport à ce qui s’est passé durant cette CAN. Je n’ai pas voulu répondre aux sollicitations des médias, mais maintenant je pense que la déception est partie et, surtout, une nouvelle ère débute pour la sélection algérienne.
Continuez-vous à suivre l’actualité du football algérien ?
Evidemment. C’est vrai que je suis parti, mais mon cœur est toujours attaché à l’Algérie. J’ai suivi à travers votre journal l’arrivée de M. Zetchi à la tête de la fédération. Je lui souhaite bien évidemment beaucoup de réussite et de courage pour sa nouvelle mission.
Avec du recul, et à tête reposée, quels enseignements tirez-vous de votre récent passage à la tête des Verts, notamment avec ce parcours à la CAN ?
Comme je l’avais dit lors de ma première conférence de presse à Alger, je ne suis pas un « magicien ». Je suis venu trop tard, une semaine avant le match du Nigeria. J’ai essayé de tout donner et, comme vous l’avez vu, j’ai travaillé jour et nuit, mais malheureusement notre parcours à la CAN n’a pas été satisfaisant. Après, il faut être réaliste, gagner la CAN était une ambition démesurée pour l’Algérie. Par la suite, j’ai senti à la fin que Raouraoua n’allait pas continuer à la tête de la fédération et c’est pour cette raison que j’ai préféré démissionner. D’ailleurs après mon départ, l’ensemble du staff a été remercié. Et permettez-moi d’ajouter quelque chose…
Oui, allez-y…
C’est vrai que l’Algérie a de très bons joueurs et qui ont le niveau international, mais ça ne suffit pas pour former une grande équipe. Il faut trouver cet équilibre entre les secteurs défensif et offensif pour espérer mettre en place une équipe compétitive.
Vous dites que vous avez choisi de démissionner. Pourtant, lors de la conférence d’après-match face au Sénégal, vous disiez que vous allez rester en poste et que vous alliez continuer le travail que vous aviez débuté deux mois auparavant. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis par la suite ?
Comme je viens de vous le dire, je savais que Raouraoua, avec sa santé qui était un peu fragile, n’allait pas continuer. Donc, c’est logique que je parte moi aussi. J’ai essayé d’apporter ma touche et d’aider l’équipe à progresser du mieux que je pouvais. J’ai lancé dans le bain de jeunes joueurs comme Bensebaïni. Au début, je voyais loin, mais les choses ne se sont pas déroulées comme je le souhaitais. Gagner la CAN, c’était une mission impossible, il fallait être réaliste.
En Algérie, on a dit que c’était plutôt la FAF qui vous a limogé…
Non, j’ai démissionné. Je suis venu avec Raouraoua, je repars avec lui… C’était pour moi le moment de partir. Je savais qu’après la CAN, il allait y avoir un nouveau président de fédération. Franchement, j’étais bien accueilli par le public et la presse, mais il fallait que je sois correct vis à vis du peuple et que je démissionne.
Qu’est-ce qui vous a manqué pour faire le travail que vous souhaitiez faire ?
Du temps surtout. Au moins 7 ou 8 mois pour former une équipe. Tu ne peux pas bâtir une équipe compétitive en seulement deux mois. Halilhodzic est sorti lui aussi au 1er tour de la CAN 2013 et il y a eu beaucoup de choses négatives, mais par la suite, il a eu du temps pour faire le travail qu’il voulait accomplir et a su par la suite comment conduire l’équipe au 2e tour du Mondial 2014.
Et cette sélection algérienne, qu’est-ce qu'il lui manque pour gagner la CAN ?
Quand tu encaisses un ou deux buts par match, c’est normal que tu fasses constamment des changements. Le football, ce n’est pas que marquer des buts, il faut éviter d’encaisser. Après le Mondial 2014, l’équipe manquait d’équilibre. Vous avez une attaque forte et une défense faible. Des joueurs commencent à éclore comme Hanni, qui a fait une bonne CAN. Après, je le redis, l’Algérie n’était pas prête pour cette CAN, c’est tout !
Vous avez parlé de Hanni. Pourtant, beaucoup estiment que vous l’avez marginalisé durant cette CAN et qu’il n’a pas eu réellement la chance qu’il méritait…
C’est un joueur qui joue en Belgique, à Anderlecht et, au début, je ne voulais pas le faire jouer pour qu’on ne dise pas que Leekens fait jouer son chouchou. Après, je l’ai vu à l’entraînement et j’ai constaté qu’il avait beaucoup progressé. Petit à petit, je le faisais rentrer. Avant moi, il n’avait pas beaucoup joué de matchs avec la sélection, non plus. A la fin, je me suis dit, je m’en fous ! Je vais le faire jouer…
Beaucoup ont évoqué des cas d’indiscipline au sein de la sélection au cours de cette CAN. Vous dites quoi ?
Non, ce n’est pas du tout vrai. Les joueurs ont été irréprochables durant cette CAN. Ce n’est pas parce que les résultats n’ont pas suivi, qu’on doit sans cesse évoquer des problèmes de discipline. Au contraire, j’estime que tout s’est bien passé. On n’était pas prêts sportivement, c’est tout. Il faut éviter de mettre la pression sur les joueurs. Ceux qui disent qu’il y a eu des cas d’indiscipline sont des menteurs et des jaloux, tout simplement.
L’Algérie n’a pas profité de la date FIFA du mois de mars, pour jouer des matchs amicaux. Comprenez-vous cette décision ?
Franchement, je n’ai pas compris cette décision. C’est maintenant qu’il faut tirer les leçons de cette CAN. Peut-être que c’est à cause de l’absence de l’entraîneur. Il y a eu aussi ce changement à la tête de la FAF…
Dans quelques jours, il y aura la nomination d’un nouveau coach national. Etes-vous prêt à l’aider et à lui remettre un rapport sur la participation de la sélection à la CAN ?
Bien évidemment que oui. J’ai fait ça notamment avec Robert Waseige. Si le nouveau coach me sollicite, je le ferai avec un grand plaisir. N’oubliez pas que les chances de qualification pour le Mondial en Russie restent intactes. Il ne faut rien lâcher.
Publié dans :
Halilhodzic
raouraoua
Leekens
Hanni