Mohamed Djouad, ancien président du Mouloudia d’Alger et du GS Pétrolier, s’est éteint hier matin. Il est décédé à l’hôpital de Aïn Naâdja, après avoir lutté contre la maladie pendant longtemps, à l’âge de 73 ans. Djouad s’est fait connaître comme athlète dans les courses de vitesse. Il a dominé de 1969 à 1974 cette spécialité tant au niveau national qu’international. En 1995, Sonatrach, parrain du MC Alger, lui avait confié la direction de l’Association sportive de performance qui regrouperait plus de 2000 sportifs. Avec la séparation de la section football et l’entreprise des hydrocarbures, Mohamed Djouad a continué à gérer cette association jusqu’en 2008, avant qu’elle ne prenne le nom de Groupement du sport des pétroliers. Le nom de Mohamed Djouad est lié beaucoup plus à la consécration du club phare de la capitale en championnat, en 1999. Une saison historique pour le club, puisqu’il avait mis fin à 20 ans de disette. Le dernier titre du club remonte à 1979. Il aura fallu attendre vingt longues années pour voir les inconditionnels des Vert et Rouge triompher. Il était à deux doigts de remporter le doublé la même année, si ce n’était cette fameuse histoire de domiciliation de la demi-finale de Coupe d’Algérie face à l’USM Alger. Mohamed Djouad, qui était très estimé par les supporters du Mouloudia d’Alger, sera inhumé aujourd’hui au cimetière de Oued Romane.
Une 2e dream team qui n’a pas bien fonctionné
Pour parler du passage de Mohamed Djouad, il faut dire qu’il n’a jamais lésiné sur les gros moyens pour bâtir une grande équipe du Mouloudia. Après le titre de 1999 face à la JSK, Djouad avait promis de mettre les moyens pour remporter la Ligue des champions de l’édition 2000. Pour la saison 99/2000, il avait mis le paquet en gardant certains joueurs, comme Hamened, Meraga, Slatni, Benali, Dob et Rahmouni, tout en recrutant Benzerga, Djender, Azizane, Bentaleb, le Marocain Baâzoz, Diab et d’autres, avant d’engager au milieu de la saison Kamel Kaci-Saïd qui brillait par mille feux au Mouloudia de Constantine. Mais cette dream team n’a pas marché. Kermali avait quitté le navire au milieu de la saison pour laisser sa place à Nour Benzekri, parti après l’élimination humiliante en Ligue des champions face à Jeanne d’Arc. Une année plus tard, Djouad a décidé de frapper un grand coup en montant une seconde dream team. Il a ainsi recruté Bouacida, Selmoune, Lounici, Fekid, Abdennouri, Nouioua, Messas, Bouras et Merakchi. Il a aussi engagé un entraîneur de renom, à savoir le Suisse Michel Renquin, puisque des luttes de clan ont éclaté et le club a sauvé sa saison lors des dernières journées.
Renvoyer 7 joueurs cadres : un grand courage
Mohamed Djouad ne badinait pas aussi avec la discipline. Bien que le Mouloudia était en lice en Coupe d’Algérie en quarts de finale de l’édition 1997, le président n’avait pas hésité à renvoyer sept joueurs sous prétexte qu’ils étaient des perturbateurs. Après la défaite face au MO Constantine, à Bologhine, Djouad avait sévi. Alane, Dahmani, Benaïssi, Aït Tahar, Tebbal, Amirou et Nazef avaient été écartés, alors que c’était des éléments clés. Un grand courage de sa part, lui qui était intransigeant sur ce point-là.
Un palmarès riche en tant que président
Son palmarès en tant que président est très riche. Il a remporté plusieurs titres. Les plus fameux sont ceux réalisés en championnat d’Algérie de football en 1999 avec le Mouloudia. Avec le club de handball et sous le nom du GSP, il a gagné dix Ligues des champions d’Afrique avant de perdre une finale. Il a aussi remporté quatre Coupes d’Afrique des vainqueurs de coupe et raté une finale. Ce nombre de consécration est difficile à égaler aujourd’hui. Repose en paix ammi Mohamed !
Hannachi : «Une triste nouvelle»
Président de la JS Kabylie depuis 1993, Moh-Chérif Hannachi s’est dit triste d’apprendre une telle nouvelle, en déclarant : «C’est une triste nouvelle. J’ai connu Mohamed Djouad comme dirigeant au Mouloudia. On avait de très bons rapports. Toutes mes condoléances à sa famille. Allah yarahmou.» Touché par cette nouvelle, le président kabyle ne pouvait dire plus.
Saïd Allik : «Son départ constitue une véritable perte pour le Mouloudia»
Président de l’USM Alger entre 1994 et 2010, Saïd Allik a bien connu Mohamed Djouad. A l’époque, les présidents des deux clubs rivaux avaient d’excellentes relations : «J’avais de très bons rapports avec M. Mohamed Djouad. On était des amis. C’est quelqu’un qui a beaucoup donné au Mouloudia et pour le sport en général, car il a présidé toutes les catégories du sport à la Sonatrach. Je pris Dieu de l’accueillir en Son Vaste Paradis.»
Fodil Dob : «C’était un grand homme»
Attaquant du Mouloudia d’Alger entre 1995 et 2002, Fodil Dob a témoigné sur le défunt en déclarant : «Sincèrement, je suis attristé par cette perte. C’était comme un père pour nous les joueurs. Je me souviens qu’il était à nos côtés tout le temps, même durant les moments difficiles. C’était un grand homme. Je me souviens aussi une fois à la veille d’un match de la saison 98/99 où nous étions champions, il m’avait dit : «Wach kapsoula, tu vas marquer ou pas ?» Il m’avait surpris car il n’y avait pas beaucoup de gens qui connaissaient mon surnom.»
Ifticen : «En 1997, il m’avait honoré pour mon bon parcours»
Younès Ifticen avait fait un passage à la tête de la barre technique du club lors de la saison 1996-1997, avec Djouad en tant que président du club. Le technicien harrachi avait hérité d’une mission très lourde, car une saison auparavant, le club a lutté pour se maintenir en Première division. Ifticen revient sur cette fameuse saison : «Djouad et Boumedal avaient mis tous les moyens à ma disposition. Je me souviens, le défunt m’avait dit qu’il était prêt à mettre tous les moyens à ma disposition pour réaliser une grande saison. Je lui avais répondu que le Mouloudia était un grand club et qu’il méritait de jouer les premiers rôles. Cette saison-là, il y avait trop de pression car personne ne s’attendait à voir le Doyen dans le haut du tableau. Ce qui m’a marqué dans ma relation avec Djouad, c’est qu’il m’avait honoré en fin de saison, malgré le ratage de la demi-finale de la coupe face au CA Batna. C’est le seul président qui m’a fait un cadeau, avant que je quitte le club.»
Saïfi : «Lors de mon transfert à Troyes, il avait privilégié mon intérêt»
Un des artisans du sacre de 1999, Rafik Saïfi, ne garde que de bons souvenirs de Mohamed Djouad : «Je pris Dieu de l’accueillir en Son Vaste Paradis. Je ne garde que de bons souvenirs de lui. On s’entendait parfaitement bien. Lors de mon transfert à Troyes, il a été très correct avec moi. Il a privilégié mon intérêt à celui du club. Pour lui, l’essentiel est que je sois satisfait, contrairement à beaucoup de présidents. Même en quittant le club, j’ai toujours gardé de bons rapports avec lui et on était restés en contact.»
Lazizi : «C’est une personnalité historique du club»
Jusque-là, c’est le dernier capitaine historique du club. Tarek Lazizi connaît parfaitement Mohamed Djouad pour avoir travaillé avec lui durant de très longues années. Pour lui, il s’agit d’une personnalité historique du club : «Pour moi, Mohamed Djouad est une personnalité historique du club. Il a beaucoup donné au Mouloudia. En 1999, on a remporté le titre grâce à lui car il avait mis les moyens à la disposition du club. Il a tout le temps été à nos côtés. Tous les joueurs peuvent vous le confirmer et je défie quiconque de dire le contraire. Il était aimé de tout le monde.»
Nechad : «Par sa générosité, il avait pris en charge le pèlerinage de mon père»
Arrivé au club à l’été 1997, Abdelhamid Nechad a côtoyé Mohamed Djouad, avant de quitter le club, après le sacre de 1999. Le natif d’Oran témoigne : «Je l’ai dit quand j’étais au Mouloudia, et même après avoir quitté le club. Djouad est un grand homme. Sincèrement, je ne garde que de bons souvenirs de lui. Il m’a beaucoup aidé. C’était quelqu’un de très généreux. Je me souviens qu’il avait envoyé mon défunt père accomplir le pèlerinage à La Mecque en prenant tout en charge. Il a fait beaucoup de bien aux gens. Je suis vraiment triste de cette mauvaise nouvelle. C’était comme un père. Repose en paix ammi Mohamed.»
Benzekri : «Un homme de parole !»
Malgré un bref passage à la tête de la barre technique du club entre novembre 1999 et avril 2000, Nour Benzekri ne garde que de bons souvenirs de Djouad : «Je ne garde que de bons souvenirs de lui. Certes, mon expérience n’était pas une réussite au Mouloudia, mais avec lui, ça a bien marché. On était de bons amis avec surtout du respect entre nous. C’était un homme de parole. Il a toujours tenu sa parole et c’est pour ça que je l’admirais beaucoup.»
Bencheikh : «Tout le monde l’appréciait»
Ancienne coqueluche du club, Ali Bencheikh a connu Mohamed Djouad durant ses deux passages à la tête du club. En 1996, il avait été entraîneur en chef avant de revenir comme adjoint de Mohamed Henkouche lors de la saison 1997-1998 : «J’ai connu Mohamed Djouad. C’était quelqu’un qui s’est donné à fond pour le club. Je ne garde que de bons souvenirs de lui.»
Djillali Selmi : «C’était un excellent ami, avant qu’il ne prenne le Mouloudia»
Président du Chabab Riadhi de Belouizdad entre 1996 et 2000, Djilali Selmi était abattu par la perte de son ami. Choqué, il nous demande : «SVP, appelez-moi une heure plus tard. Vous m’avez choqué. Djouad était un ami pour moi, avant tout.» Une heure après, nous avons pu avoir son témoignage : «C’était un ami avant tout. On se connaissait avant même de se rencontrer dans le milieu du football. C’était un type généreux qui a aidé pas mal de gens. Même lorsque j’étais président du CRB et lui au Mouloudia, il n’y a jamais eu de problème entre nous, même pas le moindre souci. On a toujours gardé de bons rapports.»
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