Nostalgie

Thomas Berthold, au mauvais endroit, au mauvais moment

"J'ai toujours foncé tête la première dans tous les murs." Cette petite phrase résume à elle seule le caractère de Thomas Berthold. Tout au long de sa carrière, l'ancien défenseur allemand n'a jamais cherché à se protéger ou à se ménager…

Auteur : mercredi 26 novembre 2014 17:53

Son jeu était à l'image de son caractère. Son courage et son abnégation lui ont d'ailleurs permis de remporter la Coupe du Monde de la FIFA en 1990. "C'était tout ou rien. Chez moi, il n'y a pas de place pour le compromis. Je voulais toujours gagner. Ça se voyait à l'entraînement. Je suis le genre de type qui se donne toujours à fond", explique l'intéressé, issu d'une longue lignée de sportifs de haut niveau. Son père Gunter a pratiqué le saut à ski, la natation et, bien entendu, le football ; sa mère Inge a été handballeuse et gymnaste ; enfin, sa sœur Christine a remporté le championnat d'Allemagne de hockey.  

Sa longue collection de titres a débuté dès l'âge de 15 ans, par un sacre avec l'Eintracht Francfort. Trois ans plus tard, Berthold faisait ses grands débuts parmi l'élite avec son club. Branko Zebec, son entraîneur de l'époque, disait alors de lui : "C'est un joueur extraordinairement doué".  

Par la suite, il s'est appliqué à justifier ces propos élogieux. Milieu de terrain de formation, il s'est recyclé au poste d'arrière droit au cours de sa dernière année à Francfort. En 1987, il est devenu à 22 ans le plus jeune joueur allemand à rejoindre l'Italie. Karl-Heinz Rummenigge, Rüdi Völler ou Hans-Peter Briegel n'avaient pas fait mieux. Dès son arrivée à Vérone pour les premières négociations, les dirigeants avaient été impressionnés par sa bonne connaissance de l'italien.  

Ce végétarien rigoureux cite volontiers ses passages au Hellas Vérone et à l'AS Rome comme les meilleurs souvenirs de sa carrière. À l'inverse, son retour en Allemagne sous les couleurs du Bayern Munich lui a laissé un goût amer. "Je me suis retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Il s'est passé des choses là-bas qui n'auraient pas dû arriver. Franchement, j'aurais mieux fait de rester en Italie."

Ses relations tumultueuses avec Erich Ribbeck lui ont finalement valu d'être exclu de l'entraînement. Cette situation avait fait dire au trésorier du Bayern de l'époque que Berthold était "le golfeur le mieux payé depuis Bernhard Langer". Après deux années décevantes en Bavière entre 199 et 1993, Bethold s'est refait une santé au VfB Stuttgart, avant de partir écrire le dernier chapitre de sa carrière en Turquie.

L'interview qui change tout
La fin de son aventure avec l'Allemagne s'est révélée beaucoup plus abrupte. Suite à une interview très polémique donnée en 1994, le latéral n'a plus jamais été convoqué. C'est ce qui explique que son compteur soit resté bloqué à 62 capes, malgré son talent. Son unique but avec la Nationalmannschat a été inscrit contre la République tchèque, en qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA™. "Une belle reprise de la tête sur un corner", se souvient-il en riant. Avec 18 matches de phase finale à son actif, il se place tout de même au dixième rang des joueurs les plus expérimentés dans la reine des compétitions.

Il a ainsi disputé trois éditions entre 1986 et 1994. Finaliste malheureux au Mexique, il a pris sa revanche quatre ans plus tard en remportant le trophée "chez lui", en Italie. "C'était très particulier de disputer la finale à Rome. Nous avions cinq titulaires qui évoluaient en Italie. À l'époque, la Serie A était le meilleur championnat du monde", estime-t-il.   

Berthold a raccroché les crampons il y a plus de dix ans, mais il n'a rien perdu de sa franchise, comme FIFA.com a pu s'en rendre compte peu de temps après son 50ème anniversaire. Selon lui, les champions du monde 1990 sont supérieurs à ceux de 2014. Pourquoi ? "En 1990, nous avons réalisé un parcours exceptionnel. Nous avions sorti les Pays-Bas, champions d'Europe en titre, et l'Argentine, championne du monde en titre."

Un talent protéiforme
Devenu consultant et éditorialiste, Berthold a changé d'équipe, ce qui lui a donné l'occasion de faire la paix avec les médias. Les années aidant, il reconnaît qu'il ne commettrait peut-être pas les mêmes erreurs, sans toutefois se prendre pour quelqu'un d'autre. "Joueur, j'étais du genre à foncer. Je n'ai jamais été un fin tacticien."

Défenseur, pilote de course, consultant, manager, commentateur ou directeur d'une agence immobilière : quel que soit le costume qu'il endosse, Berthold reste le même. Avec lui, c'est tout ou rien. Lorsqu'il se lance dans un projet, il le fait toujours avec passion. À défaut de connaître la notoriété d'un Rudi Völler, d'un Jürgen Klinsmann ou d'autres stars de sa génération, il jouit d'un grand respect chez ses pairs.  

Tout au long de sa carrière, Berthold a toujours dit ce qu'il avait à dire ; il a su relever tous les défis et surmonter tous les obstacles. À ses yeux, une telle carte de visite vaut sans doute tous les titres de monde.

                                                                IN FIFA.com

Publié dans : Allemagne Berthold

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