Auteur :
mercredi 08 octobre 2014 10:36
Johan Neeskens est souvent présenté comme l'inséparable comparse de Johan Cruyff, le parcours du premier ayant épousé celui du second tout au long des années 70, que ce soit à l'Ajax Amsterdam, au FC Barcelone, en sélection des Pays-Bas ou en North American Soccer League. Les deux génies néerlandais sont rapidement devenus indissociables dans l'imagination populaire mais Cruyff a toujours conservé une certaine ascendance sur son compatriote.
Les supporters catalans ont parfaitement résumé ce sentiment en baptisant Neeskens Johan Segon (Johan le second), mais il serait injuste de reléguer à l'arrière-plan un joueur de la trempe de Neeskens. "S'il n'était pas resté dans l'ombre de Cruyff, sa notoriété serait toute autre", estime Trevor Francis, l'ancien attaquant de l'Angleterre. "Il était la clé de voûte de cette grande équipe néerlandaise."
Si Cruyff incarne le génie de cette génération couvée par Rinus Michels, Neeskens en symbolise l'inépuisable énergie. Il était ainsi capable de perturber le jeu adverse par ses courses incessantes et ses tacles rageurs. Mais il était tout aussi efficace à l'autre bout du terrain, où la justesse de ses passes et son sens du but faisaient souvent merveille. Sa mobilité, son dynamisme et sa puissance ont permis à Michels d'ajouter un pressing tout terrain à son fameux Football Total. L'adjoint de Michels à l'Ajax Bobby Haarns décrit Neeskens comme "un kamikaze, un soldat de la ligne de front".
Force et élégance
Avec ses favoris, son gabarit robuste et son regard perçant, le Néerlandais a intimidé plus d'un adversaire. Des décennies plus tard, devenu entraîneur, l'ancien milieu de terrain a continué à se faire remarquer par la vigueur de ses tacles. Quelle que soit l'issue de la rencontre, Neeskens laissait toujours toutes ses forces dans la bataille et quittait le terrain en nage, faisant toujours rimer transpiration et inspiration. "J'aimais faire le spectacle et gagner", reconnaît l'intéressé.
Sa carrière prouve qu'il était capable de l'un comme de l'autre. Son arrivée sur le devant de la scène en 1970 a coïncidé avec la montée en puissance de l'Ajax, qui a remporté trois titres de champion d'Europe consécutifs au cours de la décennie. Il a également participé à la conquête de la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe par le FC Barcelone quelques années plus tard. Son palmarès avec les Pays-Bas est cependant resté désespérément vierge, malgré deux finales de Coupe du Monde de la FIFA™ consécutives, alors que c'est sous le maillot oranje qu'il a vécu ses plus beaux moments.
Neeskens était au sommet de son art durant l'édition 1974. À l'époque, son mélange de force et d'élégance était sans pareil. "Ce tournoi s'est déroulé comme dans un rêve. J'avais 22 ans et j'étais titulaire indiscutable", estime-t-il. Le rôle plutôt défensif qui lui est confié dans l'entrejeu ne l'empêche pas de terminer à la deuxième place du classement des buteurs, avec cinq réalisations, dont une superbe pichenette face au tenant du titre brésilien au second tour, synonyme de qualification pour la finale.
Spécialiste des penalties
Cette compétition lui a aussi donné l'occasion de consolider sa réputation de spécialiste des penalties. Puissantes et précises, ses frappes étaient pratiquement impossibles à arrêter. Il en a ainsi transformés trois tout au long de la compétition, dont le premier inscrit en finale d'une Coupe du Monde. Celui-ci avait été sifflé après seulement deux minutes de jeu, sans qu'aucun joueur de la RFA n'ait eu le temps de toucher le ballon.
Neeskens avait bien failli se laisser déstabiliser par une telle opportunité. "C'était la première fois que je me sentais un peu nerveux avant de tirer", admet-il des années plus tard. "En tant qu'entraîneur, je dis toujours à mes joueurs qu'il ne faut jamais changer d'avis. C'est pourtant ce que j'ai fait ce jour-là. Jusqu'au dernier moment, je voulais envoyer le ballon à gauche. Au moment d'armer, j'ai décidé de frapper de l'autre côté."
L'intuition était bonne car Sepp Maier avait deviné son intention initiale. Mais les frappes de Nesskens étaient si puissantes que le fait de partir du bon côté n'offrait au gardien aucune assurance de succès. Par la suite, le Néerlandais a eu l'occasion de distribuer quelques conseils en matière de tirs au but : "Si vous n'êtes pas sûr de vous, tirez le plus fort possible. Si vous ne savez où le ballon va partir, ce sera la même chose pour le gardien", aime-t-il rappeler.
Malheureusement, ce penalty victorieux n'a pas permis aux Pays-Bas de remporter un trophée qui leur tendait les bras. Quatre ans plus tard, les Oranje ont connu une nouvelle désillusion en finale de la Coupe du Monde de la FIFA 1978, où, en l'absence de Cruyff, Neeskens s'est une fois de plus imposé comme un rouage essentiel de la machine néerlandaise.
Un an plus tard, l'inusable milieu de terrain faisait ses adieux au FC Barcelone, après avoir conquis l'affection de tous les supporters catalans. La suite de sa carrière l'a mené au New York Cosmos, où il a retrouvé un vieil adversaire en la personne de Franz Beckenbauer. Au fil du temps, Neeskens n'a jamais perdu sa passion pour le beau jeu. Après l'effondrement de la NASL, il a rejoint les Kansas City Comets pour participer à la Major Indoor Soccer League. En 1991, à l'âge de 40 ans, il foulait encore les pelouses suisses, terminant d'écrire la légende de l'un des milieux de terrain les plus complets de l'histoire.
IN FIFA.com
Publié dans :
Pays-Bas
Neeskens