«Les Blidéens ont été fidèles à leurs traditions en nous accueillant avec des fleurs. On leur dédiera la coupe en cas de sacre»
3 fois finaliste en Coupe d’Algérie avec la JSK, l’actuel entraîneur-assistant, Mourad Karouf, a deux coupes d’Algérie dans son palmarès, celle de 1992 et 1994. Cette fois-ci, l’ex-international algérien vivra cette aventure dans la peau d’un entraîneur. Et c’est au cours de cet entretien qu’il nous a parlé de ses meilleurs souvenirs en Coupe d’Algérie et de sa relation fraternelle qui le liait au légendaire chanteur rebelle Maâtoub Lounès. Karouf nous a même raconté une anecdote jamais dévoilée par le passé…
Dans un premier temps, quel bilan faites-vous des 9 jours de préparation passés à Blida ?
Je dirais que le choix de Blida fut une très bonne chose. On vient d’achever ce stage sur une excellente note. Nous avons touché à tout, que ce soit l’aspect technico-tactique ou psychologique. Je n’évoquerai pas le volet physique, car nous n’avons pas trop travaillé dans le foncier. Nous avons eu aussi l’occasion d’améliorer le tactique grâce aux matchs amicaux. Dans l’ensemble, je suis satisfait de cette préparation.
Le fait d’avoir effectué toutes vos séances d’entraînement sur une pelouse naturelle est-il l’autre grande satisfaction ?
Il est vrai que nous avons bénéficié de plusieurs séances sur la pelouse du stade annexe de Tchaker, mais à mes yeux, la plus grande satisfaction reste notre dernière séance de travail au stade principal. Les joueurs se sont fait un énorme plaisir de découvrir la pelouse où se tiendra la finale de la coupe. Nous avons essayé de mettre les joueurs dans le bain de la préparation pour cette finale, pour qu’ils prennent leur repère. En gros, c’était la principale raison de cette ultime séance dans ce stade.
Contrairement au MCA, la JSK a eu l’audace d’écarter les plus gros calibres depuis les 16es de finale de la coupe, à commencer par l’USMA. Votre équipe parte-elle avec une longueur d’avance sur le MCA, le 1er mai prochain ?
Absolument pas, car j’estime qu’en Coupe d’Algérie, c’est du 50/50. Il est vrai que nous avons affronté pas mal de clubs de Ligue 1 Mobilis, mais je suis convaincu que ce n’est pas une référence. La coupe restera toujours la coupe et les matchs ne se ressemblent guère.
Cette mini-trêve a-t-elle été consacrée à la préparation de la finale ou à la prochaine rencontre de championnat face au RCA ?
Cette préparation a été consacrée aux 6 rencontres restantes en championnat ainsi que celle de la coupe. On s’est basés sur le dernier mois de la saison. C’est pour vous dire que la prochaine rencontre de championnat face au RCA est extrêmement importante pour nous. Nous devons assurer un bon résultat pour espérer rester sur le podium.
Revenons à vous. Vous faites partie des rares anciens joueurs de la JSK qui ont soulevé 2 fois la Coupe d’Algérie. Auriez-vous imaginé qu’un jour, vous serez appelé à la disputer en tant qu’entraîneur et membre du staff technique de la JSK ?
Vous savez, on ne peut jamais prédire notre parcours en Coupe d’Algérie ? Vous pouvez la jouer plusieurs fois de suite comme une fois tous les vingt ans. La Coupe d’Algérie exige une concentration maximale pour espérer la remporter. Aujourd’hui, j’ai la chance de faire partie du staff technique. L’important est de transmettre notre acquis durant des années aux joueurs. L’effectif de la JSK a de la chance d’avoir un président et des membres du staff technique qui ont joué ou dirigé des finales de la coupe. Hannachi est un ancien joueur qui a connu ces moments. Idem pour Hamenad et moi. Aït Djoudi est lui aussi assez expérimenté pour avoir dirigé des finales de Coupe d’Algérie. On essayera d’encadrer les joueurs comme il se doit. L’avantage est que chaque membre du staff a ses prérogatives, que ce soit Aït Djoudi, Hamenad, Gassi, Boujenane ou moi. Je dois dire aussi que les dirigeants, à leur tête le président, ont mis tous les moyens pour que les joueurs évoluent dans les meilleures conditions.
Racontez-nous vos 3 finales disputées avec la JSK en 1991, 1992 et 1994 ?
Nous avons perdu face à Bela Abbès en 1991, avant de remporter 2 Coupes d’Algérie par la suite contre Chlef et Aïn M’lila, en 1992 et 1994. Je vous dirais même qu’on aurait certainement atteint la finale si on avait organisé la coupe 1993, car on était sur la lancée. (En 1993, la Coupe d’Algérie n’a pas été disputée, ndlr). Nous n’avions pas réalisé de grands matchs, mais nous avions assuré l’essentiel. Une finale ne se joue pas, elle se gagne. C’est ce qu’on essayera d’inculquer à nos joueurs, dont 80% d’entre eux disputeront leur première finale de leur histoire.
Que gardez-vous de votre 1re finale perdue en 1991 ?
C’était, certes, une grosse déception pour moi, car c’était ma première participation à ce niveau. Mais cette défaite m’avait beaucoup appris. J’ai eu la chance de gagner par la suite 2 coupes avec la JSK, et c’est ça le football. Il faut savoir accepter l’échec pour connaître la réussite.
Le fait de parler de la finale de la Coupe d’Algérie, quel est le 1er souvenir qui vous vient à l’esprit ?
Qui dit finale de coupe d’Algérie dit Lounès (faisant allusion à Maâtoub, ndlr). C’était avant tout un grand frère pour nous tous. Je suis le premier témoin à dire que c’était un fervent supporter de la JSK. Il nous suivait partout où on allait jouer.
Y a-t-il un souvenir particulier que vous avez partagé avec Lounès Maâtoub ?
Nous avons partagé tellement de bons souvenirs avec lui. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’était le jour où il nous avait emmené dans les tribunes du 5-Juillet pour nous chanter en exclusivité la chanson Kenza qui, à l’époque, n’était pas encore sortie sur le marché. On était une dizaine de joueurs à l’entourer la veille de la finale de 1994 face à Aïn M’lila. Il avait réussi à nous sortir de cette pression de la finale. C’était vraiment un moment unique qui m’est resté en mémoire. Et le lendemain, on sait fait un plaisir de lui offrir le trophée.
Que vous a-t-il dit la veille de la finale 1994 ?
Le discours de Maâtoub a toujours été motivant. Il nous disait ceci : «Vous voyez tous ces supporters qui vous soutiennent, gare à vous de les décevoir ! Pensez à eux, offrez leur cette coupe qu’ils attendent avec impatience.» Je suis témoin de sa grande motivation envers l’équipe. Maâtoub Lounès a toujours trouvé les mots justes pour nous booster le moral.
Que gardez-vous de cet homme ?
En plus de son amour pour le club, Maâtoub était quelqu’un de très sensible. Il a toujours été derrière nous, même en 1990 lors de la Coupe d’Afrique. Il a d’ailleurs pleinement contribué au sacre de la JSK, car il a su nous motiver pour aller jusqu’au bout. J’espère qu’on lui rendra un hommage cette année en lui dédiant la Coupe d’Algérie, car on le porte toujours dans nos cœurs.
Parlons de la finale du 1er mai prochain, quel message allez-vous tenir aux joueurs ?
Pour se surpasser, un joueur doit être égoïste. Je parle, bien évidemment, de l’égoïsme dans le bon sens du terme. Un joueur doit penser, avant toute chose, à gagner son match. Il est impératif de rester le plus concentré possible, ça c’est un point. En second lieu, on insistera sur l’hygiène de vie des joueurs, car c’est très important pour eux. La pression de la finale n’est pas la même que celle du championnat. Les joueurs doivent mesurer l’importance de ce rendez-vous avec l’histoire.
Allez-vous visionner d’autres matchs du MCA ?
Pour le moment, on se focalise sur la prochaine rencontre face au RCA. Ce n’est qu’après ce match qu’on évoquera la finale avec les joueurs. Assurément, nous allons visionner certains matchs du MCA, afin de déceler les points forts et faibles de l’adversaire. Nous allons affronter une équipe coriace. On se comportera avec le Mouloudia de la même manière que nos adversaires, à savoir avec le plus grand respect qui soit. Les deux équipes sont du même niveau et seul le terrain nous départagera.
Quel message avez-vous à passer pour les supporters ?
Je tiens tout d’abord à les remercier pour leur soutien depuis le début de saison, à savoir depuis le match face au MCEE. Je leur dis aussi que la JSK vous appartient et on fera de notre mieux pour vous offrir cette coupe d’Algérie que vous attendez tant. Je profite aussi de cette occasion pour remercier les Blidéens qui sont restés fidèles à leur tradition en nous accueillant avec des fleurs. Nous n’avons vraiment rien manqué depuis notre séjour dans la ville des Roses. Ils nous ont vraiment encouragés. On leur dédiera le trophée en cas de sacre.
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