Auteur :
Amine L.
mardi 24 décembre 2019 15:37
Bien qu’il ait joué dans plusieurs clubs en Algérie, le nom de Daoud Bouabdellah est associé aux Hamraoua. Ayant brillé sous les couleurs du Mouloudia en 2001, le joueur a réalisé dix ans de carrière de haut niveau avant de raccrocher les crampons en 2011. Une carrière durant laquelle il a connu des hauts et des bas. Il en parle avec certaines anecdotes dans cet entretien.
Alors Bouabdellah, vous avez disparu des regards. Que faites vous dans la vie actuellement ?
Comme n’importe quel ancien joueur, je me suis consacré à ma nouvelle vie après avoir raccroché les crampons. Je me suis lancé dans le monde du commerce pendant tout ce temps-là en réalisant quelques activités car il est important pour un ancien joueur de retrouver son équilibre financier d’autant plus que je suis responsable de foyer. Cela fait que quelques mois que je me suis lancé dans un autre défi en revenant dans le monde du football.
Que faites-vous au juste ?
Cela fait sept ans que je m’occupe de mes affaires personnelles et je n’étais pas vraiment chaud à l’idée de revenir dans le monde du football jusqu’à cette proposition du président de l’IRBM, équipe qui m’a permis de m’illustrer. Je remercie beaucoup son président, Benamar Razi, qui m’a donné l’occasion de revenir dans le football. Actuellement, j’occupe la double tâche d’entraîneur- adjoint et manager général.
Pourtant vous étiez loin du monde de football. Qu’est ce qui vous a poussé à y revenir ?
D’abord, j’étais occupé à mes affaires et ensuite je n’avais aucun contact auparavant. Je ne suis pas le type d’ancien joueur qui propose ses services. Je possède une petite expérience dans ce monde du football. Je pense que je pourrais servir un tant soit peu. J’avoue aussi que le président actuel du CR Témouchent, qui est un ami, m’avait proposé de venir travailler, mais j’avais déjà donné mon OK à Maghnia.
Vous envisagez de commencer une carrière d’entraîneur ?
Je veux commencer à apprendre. Je ne suis pas motivé par le plan financier. J’ai donc choisi Maghnia, qui connait actuellement une certaine stabilité, notamment sur le plan administratif. Chose qui va me permettre de travailler dans la sérénité et apprendre encore plus.
Financièrement, arrivez-vous à bien gagner votre vie ?
El Hamdoullah ! je n’ai pas de problèmes pour subvenir aux besoins de ma famille. J’ai des activités qui me permettent d’avoir des rentrées d’argent régulières. C’est l’essentiel pour moi. Je mène une vie paisible auprès de ma famille. Je veille maintenant à élever et éduquer mes enfants comme il se doit.
Plusieurs anciens joueurs, dont certains de vos anciens équipiers, souffrent financièrement alors que vous avez joué ensemble. Comment avez-vous fait pour échapper à ce phénomène ?
Tout d’abord, c’est une question de destin. Chacun d’entre nous avait une vie à mener en dehors du terrain. Personnellement, je pense avoir planifié ma retraite selon ma vision des choses. N’oubliez pas que je suis issu d’une famille pauvre. J’avais exercé plusieurs métiers avant de devenir joueur professionnel. Donc, il fallait que je profite des années fastes de ma carrière de footballeur pour penser à mon avenir.
Vous avez joué à l’ES Tunis, mais vous êtes resté toujours simple. Vous n’avez pas fait de folies. Est-ce que vous avez commencé depuis cet instant à penser à votre avenir et celui de votre famille ?
Ecoutez, c’est bien avant ma signature à l’EST, que j’ai commencé à penser à ma famille, j’étais alors encore célibataire. Je n’ai jamais délaissé mes parents et mes frères, et ce, même après mon mariage. Dieu merci, je suis vraiment comblé d’avoir choisi cette voie qui est de subvenir aux besoins de ma famille. Aujourd’hui, je ne regrette rien.
Au top de votre carrière, vous rouliez en voiture simple et vous ne portiez pas de vêtements de marque…
J’aurais pu acquérir trois ou quatre Mercédès et les mettre au garage lorsque j’ai signé à l’ES Tunis et porter les meilleures montres suisses. Mais je savais moi, qui suis quelqu’un de modeste, que ce régime de vie allait être éphémère. Il y avait des joueurs avec moi, sans citer le club, encore moins les noms, qui roulaient dans les meilleurs bolides qui soient et portaient les fringues des marques les plus chères et, maintenant, ils n’arrivent pas à trouver le moindre sou pour dîner. Même mon mode de vie ne me permettait pas de gaspiller de l’argent. La preuve, je roule jusqu’à présent avec le même genre de véhicule et je m’habille modestement.
En parlant de l’ES Tunis, ne regrettez-vous pas le fait de n’avoir joué que six mois alors que si vous aviez continué, vous auriez pu amasser plus d’argent ?
Je peux répondre par l’affirmative car cette histoire remonte maintenant à quinze ans. Mais il fallait vivre l’instant pour vraiment savoir ce qui s’était passé. Je me souviens que j’étais avec mon ami Ghazi Karim. Tout se passait très bien là-bas. J’ai réalisé un départ en trombe, mais aussi des matches exceptionnels avant qu’on entame le mois de Ramadhan. Tout a basculé très vite lorsqu’on nous a demandé de ne pas jeûner à cause d’un match de Coupe d’Afrique. Chose qu’on a refusé en bloc. Les gens doivent comprendre que les dirigeants de l’époque ont tout fait pour nous pourrir la vie et nous pousser vers la sortie. Si c’était à refaire, j’aurais pris la même décision.
Belaïli aussi est passé par l’EST et, actuellement, trois éléments que sont Benguit, Bensaha et Bedrane. Apparemment, les Algériens plaisent beaucoup à ce club, non ?
Beaucoup de choses ont changé par rapport à notre époque. Le joueur algérien est devenu une valeur sûre, notamment après cette consécration africaine. J’espère que l’EST sera pour ces joueurs un tremplin pour l’Europe.
Vous, par contre, vous êtes revenu en Algérie et plus précisément à la JSK. Que s’est-il passé au juste ?
Déjà, j’ai dû passé plusieurs semaines sur le banc et puis en dehors de la liste des 18. J’étais en nette manque de compétition pour pouvoir décrocher un autre contrat professionnel, que ce soit en Tunisie ou ailleurs. Il fallait donc que je rentre en Algérie pour relancer ma carrière. Le MCO étant en difficulté, j’étais partagé entre deux équipes, qui étaient les meilleurs du championnat, la JSK et l’USMA.
Et c’est votre agent de l’époque, Bellelou, qui a pesé sur votre décision en traitant avec Hannachi, non ?
Non, c’est faux ! Bellelou était plus qu’un agent pour moi. C’était un ami très proche de la famille. Donc, le dernier mot me revenait à moi. J’ai choisi la JSK par conviction car c’était un grand africain. Je voulais me distinguer et relancer ma carrière, mais la blessure subie au mauvais moment a écourté mon aventure avec les Canaris.
En 2002, vous avez marqué le but de la victoire à Tizi-Ouzou face à la JSK qui voulait fêter devant ses fans son titre africain. Vous avez en quelque sorte gâché la fête aux Kabyles. Que s’est-il réellement passé ?
Ecoutez ! si j’avais su que mon but allait mettre le feu à Tizi-Ouzou, je ne l’aurais jamais marqué. J’ai pris acte de la gravité de la situation après que le bus de l’équipe a quitté l’enceinte du 1er-Novembre presque une heure et demie après le match. Même lorsque j’ai signé à la JSK, deux ans plus tard, on gardait toujours ce mauvais souvenir. Mais, je me souviens aussi d’une chose.
Laquelle ?
J’étais sanctionné financièrement et on m’a fait une ponction lorsqu’on nous a versé la prime du match. Je me suis mis à rigoler car j’étais le seul joueur à ne pas toucher une prime complète. Même mes équipiers étaient surpris. Ils se sont demandés comment se fait-il que le joueur qui a marqué le but de la victoire soit sanctionné financièrement.
En 2008, vous étiez à Chlef, mais vous n’avez pas joué ce dernier match contre le Mouloudia. Peut-on savoir pourquoi ?
Jusqu’à présent, personne parmi les staffs technique et dirigeant ne m’a donné d’explications. J’avoue que j’étais soulagé par ma non-convocation de la part de Belhout. Je ne sais pas s’il voulait me protéger par ce que j’étais considéré comme un ancien joueur du MCO ou s’il pensait à autre chose. En tous les cas, je suis rentré directement chez moi à Aïn Témouchent.
Onze ans après cette histoire, beaucoup accusent Zaoui d’avoir fait descendre le Mouloudia en Ligue 2…
On peut tout reprocher à Zaoui sauf d’avoir fait rétrograder le Mouloudia en Ligue 2. Il faut remonter une année avant pour connaitre les raisons de cette descente. L’été 2007, le MCO a perdu ses meilleurs éléments et commençait à perdre des points à tort et à travers. Personnellement, j’aime le Mouloudia qui est mon club préféré de l’élite algérienne. J’aimerais bien que ses supporters tournent cette page car le MCO est un grand club et ne doit pas vivre sur le passé. Il faut penser à l’avenir.
Vous avez porté les couleurs de la sélection nationale, mais le fait de ne pas jouer la CAN 2004 vous fait encore mal, non ?
Non, pas vraiment. Je ne regrette rien. Mais, je trouve que certains choix ne reposaient pas sur un aspect purement sportif. Par exemple, si Belmadi était à l’époque l’entraîneur, il m’aurait certainement convoqué car les choses sont devenues actuellement claires comme l’eau de roche.
Vous en voulez toujours à Saâdane ?
Non pas du tout ! Pour moi, ma carrière de joueur est pliée et fait désormais partie de mon passé. Je respecte beaucoup Saâdane, mais cela ne m’empêche pas de penser que je pouvais jouer cette CAN. Ça reste mon avis et ma conviction.
Publié dans :
Belaïli
saadane
Belmadi
Belhout
Benguit
Bellelou
Bensaha et Bedrane