Éric Cantona : «Quand je suis entré au centre de formation, je venais de voir jouer Belloumi»

Pour son huitième documentaire de la série « Looking for... », diffusé sur Canal+ Sport ce mercredi (20h50), Eric Cantona s'est penché sur le derby des frères ennemis de la Casbah d'Alger : USMA contre Mouloudia. Également une façon pour le King de rendre hommage à un football qui l'a inspiré.
« Looking for Alger » est le huitième documentaire de votre série consacrée aux grands derbies du foot, mais le premier tourné sur le continent africain. C’était important d’y aller pour celui-ci ?
Oui, cela fait un moment qu’on se le dit. On y retournera d’ailleurs… On a envie d’aller en Afrique Noire aussi. Il y a tellement de pays où les histoires sont fortes, où la rivalité entre deux clubs permet de raconter une partie de l’histoire du pays, que le choix n’est jamais évident. Le plus important est de montrer comment on a utilisé le football dans une ville, un pays, que ce soit de manière positive ou négative.
C’est la première fois que vous traitez un derby entre deux clubs du même quartier. Qu’est-ce que cela change dans les comportements ?
On ne sent pas cette haine exacerbée qu’on a pu constater dans d’autres derbies, comme celui de Buenos Aires par exemple. À Alger, on supporte un club du quartier, mais personne n’est anonyme, tout le monde se connaît. Ce sont des amis qui se charrient le temps d’un match… C’est bien aussi de raconter et de montrer ce type de rivalité entre deux clubs séparés par une simple rue.
Le derby entre le Mouloudia et l’USMA auquel vous avez assisté, se jouait à huis clos. Cela a été une déception ?
La décision a été prise une semaine avant le tournage, on avait déjà tout organisé. On était un peu déçus, mais en même temps cela apporte quelque chose… La chance qu’on a eue, c’est d’avoir une colline qui surplombe le stade et de laquelle on pouvait voir le match. On était quand même au cœur des supporters et je trouve cela plutôt bien. Même si cela aurait été extraordinaire de voir 80 000 spectateurs dans une enceinte pleine à craquer.
L’histoire de ce derby algérois est aussi l’occasion de revenir sur le parcours de grands joueurs de la sélection algérienne du début des années 1980 comme Rabah Madjer ou Lakhdar Belloumi…
L’Algérie a toujours été un pays avec de grands joueurs de football… Après, comme pour chaque sélection nationale, il y a eu des moments plus compliqués. Mais quand ces joueurs ont connu la gloire, j’avais 16 ans et j’ai été très marqué par cette époque. Quand je suis entré en centre de formation, je venais de voir jouer Belloumi… C’était une grande génération qui a inspiré plein de gamins… Moi y compris.
On ne vous entend parler football qu’à travers vos documentaires. Pour l’Euro 2016 en France, pourriez-vous intervenir en tant que consultant pour un média ?
Mon vrai plaisir est de me servir du football pour raconter autre chose que le commentaire ou l’analyse d’un match. C’est tellement riche comme sport que je ne veux pas m’arrêter au terrain. Il y a tant de choses à raconter par le prisme du football… Ce sera donc toujours à travers un documentaire ou un film de cinéma.

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