Auteur :
Tarek Che
samedi 05 avril 2014 21:40
Au lendemain de son arrivée, on s’est rapproché de Habib Bellaid qui a accepté de s’exprimer pour la première fois depuis le 22 février dernier. Malgré son sens du professionnalisme, c’est un joueur encore très meurtri par les insultes dont il a été la cible ces derniers temps. Le Franco-Algérien garde toutefois bon espoir de jouer la finale et surtout brandir la coupe même si la mission s’annonce très difficile face à un adversaire aussi coriace que la JSK.
Alors Habib vous avez réintégré le groupe. Avez-vous discuté avec Bouali de votre arrivée tardive ?
Bien sûr que j’ai discuté avec le coach. D’ailleurs, je tiens à préciser que j’ai avisé l’entraîneur de mon retard pour des raisons purement familiales. J’avais des choses très importantes à régler, ce qui m’a contraint à manquer le début du stage.
On vous a vu très affûté lors de cette reprise…
Il faut savoir que lorsque je me rends en France, je ne m’arrête jamais de m’entraîner. Je travaille tout le temps pour être toujours compétitif.
On constate une très bonne ambiance au sein de l’équipe, ce qui n’était pas le cas après la lourde défaite face à la JSK…
C’est sûr que lorsqu’on se qualifie pour une finale de coupe d’Algérie, le moral redevient au beau fixe. Vous savez, il n’y a pas mieux que les victoires pour booster le moral des troupes. Et c’est le cas après avoir pris la mesure de Cheraga.
Justement, face à la JSMC, votre équipe a affiché une certaine fébrilité au début de la partie avant de reprendre les choses en main…
C’est l’exemple typique d’une équipe qui doute, cela suite à cette défaite face à la JSK. Je vais vous faire une confidence : lorsque le joueur de Cheraga a mis une tête sur le poteau, mon cœur à failli s’arrêter car si nous avions pris à ce moment-là un but, on aurait eu alors toutes les peines du monde à battre cette équipe de Cheraga. J’étais très content pour Gherbi qui a inscrit un chef d’œuvre. Dès qu’il a mis le cuir au fond, il m’a cherché pour me saluer. C’était un moment chargé en émotions.
Déçu par l’attitude de vos supporters qui vous ont pris pour cible juste avant le coup d’envoi ?
Bien sûr que j’étais très déçu et touché car on a été accueillis avec des insultes alors que nous étions sur le point de jouer le match de la saison. Au bout du compte, il y avait une qualification pour la finale de la coupe d’Algérie, ce qui n’est pas rien. J’accepte qu’on m’insulte, mais en se comportant de la sorte, c’est le club qu’on pénalise et tous les amoureux du Mouloudia.
Relégué au rang de doublure alors que vous étiez un titulaire indiscutable, ne pensez-vous pas que cette erreur face à l’USMA vous a été fatale ?
Vous me donnez l’occasion de revenir sur ce match que nous avons perdu face à l’USMA. Je reconnais que j’ai commis une erreur que je suis en train de payer très cher. Tous les meilleurs défenseurs du monde ne sont pas à l’abri d’une défaillance. Nous avons vu Thiago Silva contre l’AS Monaco marquer contre son camp. Il a provoqué un penalty face à Chelsea, mais ce n’est pas pour autant qu’il a été mis à l’index. Idem pour Sergio Ramos lors du Clasico. David Luis fut l’auteur d’un auto-goal contre le PSG en Ligue des champions mais il sera reconduit en championnat. Vous savez, lors de ce match, les joueurs de l’USMA n’étaient pas du tout en confiance car nous dominions les débats. Et puis, il faut aussi reconnaître que le gardien de but Zemmamouche a sauvé ce jour-là son équipe alors que nous avions l’opportunité d’ouvrir la marque durant le premier quart d’heure. Hormis cette erreur, j’ai réussi un parcours irréprochable. Mais vous savez, je suis un professionnel qui accepte les critiques et assume pleinement ses responsabilités. Mais cela n’explique pas tout, je pense que ma mise à l’écart est aussi due à des raisons extra-sportives.
Comment avez-vous vécu cette période ?
Péniblement. En France, paradoxalement, on ne m’a jamais évoqué ce derby perdu face à l’USMA. Tout le monde ne parle que de la finale de la coupe d’Algérie face à la JSK que nous devons gagner. Vous savez, en Europe, on a vu Arsenal perdre par 6-0 contre Chelsea sans que cette lourde défaite ne fasse de vagues. Parfois, il faut accepter la défaite et essayer de tirer des leçons de nos erreurs afin d’aller de l’avant. Certes, je reconnais mon erreur et je m’en excuse auprès des supporters, mais ce n’est pas une raison pour me condamner. Dans le football, tout le monde se trompe mais le plus important c’est de savoir très vite relever la tête.
Est-ce que vous pensez à cette finale face à la JSK ?
Pour l’instant non, car nous avons deux matches de championnat avant la finale. Il faut parfaitement négocier nos deux rencontres afin d’aborder le match contre la JSK avec un moral d'acier.
Gardez-vous bon espoir de jouer cette finale ?
Bien évidemment, sinon ce n’est pas la peine de travailler aux entraînements. Chacun de nous voudrait être sur le terrain. En ce qui me concerne, le plus important c’est de brandir cette coupe, pour nous et pour nos supporters, car je sais que cette finale perdue contre l’USMA est restée en travers de la gorge de mes camarades et des Chnaoua. En France, on parle souvent de cette finale perdue, on sent que les blessures ne se sont pas cicatrisées. Et brandir la coupe le 1er mai serait la meilleure thérapie pour effacer la défaite de l’édition précédente.
Pour vous, ce serait extraordinaire de gagner la coupe pour votre première saison au Mouloudia, n'est-ce pas ?
Absolument. J’avais suivi la finale de la saison dernière sur le petit écran. Cette fois-ci, je fais partie du groupe. J’ai déjà joué une finale de coupe de la Ligue avec Strasbourg. Mais, cela n’a rien à voir avec la coupe d’Algérie. On sent que les supporters respirent la coupe. C’est une épreuve que tout le monde convoite et veut gagner.
Ce ne sera pas facile face à la JSK qui a infligé à votre équipe un cinglant 3 à 0…
Une finale de coupe n’a rien à voir avec le championnat. C’est incomparable. Et puis, face à la JSK, nous avons produit une très bonne seconde mi-temps, mais nous avons perdu sur des balles arrêtées. Le résultat final ne reflète pas la physionomie de la partie. On sait que la finale sera très difficile car la JSK reste un adversaire redoutable avec de très bonnes individualités. Mais je pense que nous sommes une équipe de coupe qui sait se sublimer dans les rencontres à couperet. Ce n’était pas facile d’aller gagner à Chaouia et contre Hadjout sur des terrains hostiles. D’ailleurs, lorsque nous avons gagné face à Oum El Bouaghi je savais qu’on allait être en finale. C’est un signe du destin de revenir de nulle part. Nous avons toujours fourni de grands matches en coupe alors qu’en championnat on ne parvient pas à enchaîner les victoires, bien que nous ayons fait quelques grands matchs.
Et cette place sur le podium, est-ce que vous y croyez encore ?
Il ne faut pas se leurrer, elle sera difficile à décrocher. Et puis, si nous gagnons la coupe, personne ne parlera de cette troisième place. Pour moi, le plus important, c’est de gagner un trophée qui restera dans le palmarès de chacun. Ceux qui ont perdu la finale contre l’USMA n’ont pas envie de revivre cela et moi je n’ai certainement pas envie de vivre ce qu’ils ont vécu. Raison de plus pour gagner. J’espère seulement qu’on aura le soutien des supporters qui doivent nous encourager car ce qui s’est passé contre Cheraga m’a vraiment marqué.
Parlons de votre avenir au club, est-ce que vous avez envie de poursuivre l’aventure avec le Mouloudia ?
Ecoutez, je ne me focalise pas trop, pour le moment, sur mon avenir car il y a cette finale de coupe d’Algérie qui accapare toutes mes pensées. Le moment opportun, je discuterai avec mes dirigeants pour voir ce qu’il y a lieu de faire. C’est sûr que moi, j’ai 28 ans, j’ai encore du temps, mais je veux disposer d’un temps de jeu qui réponde à mes attentes. Il y a aussi le challenge sportif avec la participation africaine qui peut être très intéressante. Mais pour le moment, sincèrement, je ne pense pas du tout à mon avenir au sein du club. Si je devais quitter le club, ce sera pour des raisons familiales car j’ai beaucoup de choses à régler en France.
Publié dans :
mca
USMA
Bellaid
Gherbi