Interview

Exclusif:Koulibaly : « Ghoulam est l’un des meilleurs latéraux gauches d’Europe, voire du monde.»

«Mahrez et Brahimi sont des magiciens, Ghoulam l’est aussi, c’est le meilleur à son poste»

Auteur : Moumen Ait Kaci Ali mercredi 17 janvier 2018 10:52

L’autre star de Naples SCC s’est confiée en exclusivité  à El Heddaf TV. Dans cette longue interview, le meilleur buteur des défenseurs axiaux évoluant en Europe revient sur la blessure de son camarade et ami Faouzi Ghoulam et son impact sur le rendement de son équipe en Serie A. Khalidou Koulibaly évoque la prolongation de son camarade algérien et ne tarit pas d’éloges sur la jeune pépite napolitaine Adam Ounas. Koulibaly nous parle aussi de l’absence de l’Algérie au prochain Mondial et des chances de la sélection sénégalaise dans cette Coupe du monde 2018. Entretien !

Khalidou, merci de nous avoir  accueillis ici à Naples. Tout d’abord, pourriez-vous revenir sur votre bon début de saison ?
Merci à vous de vous être déplacés ici à Naples pour moi.  Pour revenir à notre début de saison, je dirais que les choses se passent très bien, on est sur belle lancée de l’année dernière où nous avons fait une belle saison. Cette année, il y a une bonne équipe de Naples, il faut continuer et profiter de notre belle forme pour gagner encore des matchs, inch’Allah.
 Le jeu développé par Naples est considéré comme l’un des meilleurs au monde de l’avis même de Pep Guardiola, comment avez-vous digéré cette sortie prématurée de la LDC ?
C’était vraiment difficile de digérer cette élimination en Ligue des champions. C’est une compétition que tous les joueurs aiment disputer, surtout qu’on est considérés comme l’une des meilleures équipes d’Europe. Après, c’est dommage pour notre équipe même si on n’est pas dépités d’avoir décroché une place en Europa League. D’ailleurs, on va la jouer pour la gagner. Elle fait partie de nos objectifs cette saison.
On sait qu’ici à Naples, on est superstitieux par rapport à ce titre du Scuedetto, on n’aime pas trop parler de cet objectif, qu’en est-il pour cette année ?
(Rires) A vrai dire, moi aussi je n’aime pas trop parler, je préfère agir sur le terrain. On va tout faire pour gagner nos matchs, et après on verra ce que Dieu nous aura réservé. A présent, on est sur une bonne dynamique. On travaille dur, on essaye de bien jouer au football, on se prend du plaisir et on fera les comptes en fin de saison. C’est notre mot d’ordre dans le vestiaire. Après, d’ici au mois de mars ou d’avril, on regardera notre position classement pour tenter inch’Allah de gagner ce Scuedetto.
L’indisponibilité de Faouzi Ghoulam pour blessure a un peu déséquilibré l’équipe, c’est l’avis même du coach Sarri, qu’en pensez-vous ?
C’est vrai et moi en premier, parce que je suis très attaché à Faouzi. On s’entend  à merveille sur et en dehors des terrains. On est souvent ensemble. C’est mon compagnon de chambre  et maintenant, je suis un peu seul, c’est bizarre à supporter pour moi (Rires). Après, je rejoins le coach Sarri, son absence handicape l’équipe. Tout le monde connaît l’apport de Faouzi sur le côté gauche. C’est quelqu’un de très positif dans le vestiaire qui sait aussi se mettre en valeur sur le terrain puisqu’il a réussi à délivrer 6 passes décisives et a inscrit 2 buts en ce début de saison. Donc, vous voyez qu’il est très important pour Naples. C’est surtout après sa blessure qu’on a ressenti cela. J’espère qu’il va revenir très vitre inch’Allah parce qu’il nous manque vraiment.
Comment êtes-vous devenu des joueurs si importants dans l’échiquier du coach Sarri ?
Moi, j’ai eu une première année d’adaptation ici à Naples où j’avais joué quelques matchs, avant de m’installer. J’avais besoin d’apprendre et comprendre le jeu italien, et avec la venue du coach Sarri, j’ai énormément progressé. On apprend tous les jours avec lui, et tout se passe bien. Sur le plan tactique, Sarri nous a perfectionnés. Et on constate que depuis son arrivée, Ghoulam et moi ne faisons que progresser. Aujourd’hui, Faouzi est l’un des meilleurs latéraux gauches d’Europe, voire du monde. On aime travailler et cela paye, on est performants et j’espère que cela durera.
Des ogres européens étaient sur vos traces mais vous avez prolongé, tout comme votre ami Ghoulam, vous êtes content de l’avoir avec vous à Naples ?
Ah oui, bien sûr ! Ça me fait plaisir. Déjà quand je devais prolonger avec Naples, il n’arrêtait pas de m’inciter à le faire et là (rires) j’ai fait la même chose avec lui lorsqu’il était en pourparlers avec les responsables. Il était en fin de contrat et j’avais peur de rester sans lui mais j’étais super content d’apprendre qu’il avait prolongé parce qu’avant d’être un coéquipier, c’est un vrai ami, on est souvent ensemble. On est très attachés,  donc je l’avais encouragé à prolonger et rester avec nous à Naples. Sur le terrain aussi, on a besoin de lui, on a vu qu’il est un élément très important pour notre équipe. Si on veut atteindre nos objectifs, c’était important qu’il prolonge son contrat.
Et si on évoquait un peu la sélection, vous êtes qualifiés pour le Mondial mais lors de la dernière CAN, vous étiez un peu déçu d’être sortis au second tour, parlez-nous de l’effet Alio Cisse, votre entraîneur ?
C’est un coach qui connaît très bien l’Afrique. On a pu vérifier cela durant la dernière la CAN au Gabon. Il nous parlait beaucoup du football africain. Comme vous le savez, on possède  beaucoup de joueurs qui évoluent en Europe, donc le coach Cisse a fait un énorme boulot pour rappeler à tout le monde que les conditions de jeu ne sont pas les mêmes et qu’il fallait s’adapter. Il a réussi à nous mettre dans la tête cet esprit de guerrier qui caractérise le joueur africain. On a pu le matérialiser sur le terrain lors de la CAN-2017, même si nous étions déçus d’avoir été éliminés en quarts de finale. C’était une déception mais ça nous a permis de bien retenir les leçons pour aller chercher une qualification au Mondial-2018 qui était un objectif pour le Sénégal. Après en football, il faut tout le temps se remettre en question, parce que ça va très vite dans notre métier.
En Algérie aussi, on a opté pour Rabah Madjer, pensez-vous qu’il est temps de faire confiance au produit local ou s’il faut aussi puiser dans le réservoir des binationaux ?
Je pense qu’il faut tirer le meilleur du pays, qu’ils soient des joueurs évoluant dans le championant local ou étranger, seuls les meilleurs joueurs doivent être pris. Tout comme l’Algérie, le Sénégal a aussi la chance de pouvoir compter sur ses binationaux dont j’en fais partie, donc c’est valable pour l’entraîneur Cisse. On a fait confiance à Alio et le résultat est là. On est qualifiés et Cisse est devenu le plus jeune entraîneur d’un Mondial. Il le mérite bien et il a ouvert la porte à tous les entraîneurs africains qui veulent réussir avec leurs pays. Il a prouvé qu’ils sont bien capables de diriger la sélection nationale. L’Algérie a fait un choix fort en désignant Madjer, je crois que c’est une très bonne idée. Maintenant, c’est aux joueurs d’adhérer et s’adapter à la philosophie et au style du jeu de l’entraineur pour hisser haut les couleurs de l’Algérie.
Vous ne serez pas seuls en Russie, l’Afrique nourrit beaucoup d’espoirs sur cette génération dorée du Sénégal pour bien représenter le continent…
On sait qu’on a le poids de tout un continent sur les épaules, on est aussi conscients qu’on ira en Russie donner une belle image de l’Afrique qui est parfois ternie par les commentaires des uns et des autres, alors on doit prouver que notre continent est un bijou et qu’on est capables de faire partie des grandes nations du football mondial. Ghoulam m’avait beaucoup parlé de son expérience avec l’Algérie au Brésil et j’avais des étoiles dans les yeux lorsqu’il me racontait l’exploit des Algériens dans ce Mondial-2014. Maintenant, c’est à notre tour de bien représenter l’Afrique et faire rêver les Africains qui seront derrière nous.
Durant cette CAN-2017, Slimani avait réussi à vous planter deux buts alors que présentement, il est en difficulté avec son club, que pensez-vous de cet attaquant que vous avez affronté deux fois ?
(Il rit franchement) Oui, Slimani est un attaquant difficile à museler, c’est un super attaquant.  Franchement, l’Algérie est une grande équipe, avec un super collectif qui joue bien au football. C’est vraiment dommage qu’elle ne se soit pas qualifiée en Coupe du monde parce que je pense qu’elle aurait aussi très bien représenté l’Afrique. C’est comme ça, l’Afrique avec tous ses talentueux joueurs ne dispose que de 5 places en Coupe du monde, et c’est ce qui fait qu’on va être privés d’une belle équipe comme l’Algérie que j’ai eu le plaisir de jouer à deux reprises. Pour revenir à Slimani, je crois que c’est juste un passage à vide, il va revenir car les grands joueurs ne peuvent pas marquer tout le temps, donc dès qu’il retrouvera le chemin du but, ça ira mieux pour lui.
Quel match face à l’Algérie gardez-vous comme souvenir ?
C’est celui joué à Alger, en amical. C’était vraiment un match  difficile pour  nous, surtout que si je me souviens bien, c’était le retour de l’Algérie au stade du 5-Juillet.  On avait des difficultés à faire face à cette belle équipe composée des Brahimi, Mahrez, Slimani et les autres. Le stade était magnifique et l’ambiance très chaude. Vraiment, c’est dans des stades comme ça qu’on aime évoluer.
Vous avez aussi accueilli ici à Naples un autre Algérien, Adam Ounas en l’occurrence, parlez-nous un peu de lui ?
Je crois que pour un jeune comme lui, c’est la meilleure des choses qui puisse lui arriver. Il arrive dans un grand club comme Naples, après, il faut qu’il apprenne les choses bien ici en Italie parce que le football italien est complètement différent des autres footballs. Il a, certes, un temps de jeu un peu faible mais je pense qu’il est sur le bon chemin. On a vu sur ses apparitions qu’il était un joueur pétri de qualités. Il est dans la continuité de sa progression et c’est bien pour lui de jouer dans une équipe de qualité comme Naples.
Vous le conseillez un peu pour l’aider à progresser ?
Bien sûr, je lui parle beaucoup. Ghoulam aussi le fait, c’est comme un grand frère pour lui, on essaye de le mettre à l’aise dans le groupe. Après, on sait qu’Adam possède un énorme talent, il fait quelques matchs et ça commence à venir. Je l’aide comme je peux. A l’entraînement, j’aime le titiller un peu pour le pousser à sortir de son confort. On sait que le football italien est exigeant et on demande beaucoup de choses pour un attaquant sur le plan tactique, c’est à lui de se mettre dans ce contexte et je crois que s’il continue comme ça, il va être un joueur important pour l’Algérie dans le futur.
Vous avez  connu beaucoup d’Algériens, parlez-nous un peu de cette union avec les francophones de Naples ?
Effectivement, j’ai grandi avec des Africains, surtout des Algériens et des Sénégalais, donc c’est tout à fait  normal qu’il y a cette chaleur et cette amitié entre nous. D’ailleurs quand Ounas était arrivé, on l’avait directement mis avec nous dans le vestiaire à Naples. C’est la même chose avec Diawara. C’est des jeunes joueurs qui veulent apprendre et c’est à nous de faire les grands frères pour leur faciliter l’intégration. Ensuite, c’était plus facile pour Ounas car il s’est retrouvé avec Faouzi rapidement, et le fait qu’il ait vite appris l’italien lui a permis de progresser et de mieux comprendre le football italien et les exigences tactiques  du coach Sarri.
En évoquant Ghoulam, certains pensent qu’il est fait pour être un leader, vous le ressentez ?
Ecoutez, moi je le vois comme ça à Naples. C’est un vrai leader qui peut même prendre le brassard à Naples. Après, il y a Hamsik et Insigne mais dans le futur, il pourrait l’être. C’est valable aussi pour la sélection algérienne. Je ne dis pas cela parce que c’est un ami, Faouzi est un vrai leader, il n’a pas besoin de faire du cinéma pour l’être.
Si on vous dit qu’il est en concurrence avec Bounedjah, Djabou, Brahimi, Soudani et Hanni pour le trophée du meilleur joueur algérien de l’année, quel sera votre pronostic ?
(Il rit franchement) C’est difficile pour moi d’être objectif. Mais bon, je dois dire que nous les défenseurs, on fait un métier ingrat. Après pour Faouzi, c’est un vraiment un défenseur qui se projette vers l’avant. C’est pour cela qu’il a été souvent décisif avec Naples. Je sais que ça va être difficile pour lui devant des magiciens tels que  Soudani, Brahimi, et Mahrez. C’est des gars très techniques donc il est plus facile d’octroyer le Ballon d’Or pour des joueurs comme ça, mais sincèrement sur sa saison, Ghoulam le mérite aussi car c’est un magicien dans son poste. Il marque des buts, il fait marquer les autres et cela est très important. Donc voilà  mon choix est bien dirigé. J’espère qu’il va le gagner, inch’Allah.
A Naples, on a aussi de grands noms du football européen, à l’image d’Insigne, Mertens, Ghoulam, vous-même, et un certain Marek Hamsik, peut-on les classer dans le top 10 des meilleurs joueurs du monde ?
Sans aucun doute. Vous êtes en train de citer des joueurs de classe mondiale. Marek et Insigne et Mertens sont dans le top des joueurs avec qui j’ai joué. Etre dans la même équipe que ces grands noms du football me permet de progresser encore. Après, c’est dommage pour Lorenzo et Marek d’être absents du Mondial mais on va voir Mertens avec la Belgique. Ghoulam aussi fait partie des meilleurs. En tout cas, en ce moment il est bien le meilleur arrière gauche du monde. Je ne dis pas cela parce que ce sont mes coéquipiers, mais c’est bien la vérité.
Et vous aussi avec le Sénégal, quelles sont vos chances de passer au second tour dans votre groupe ?
Elles sont grandes comme celle  des autres équipes. On part tous sur un pied d’égalité. On va se battre avec nos armes, après on sait qu’il y a des favoris naturels comme l’Allemagne, le Brésil et les autres. On va tout faire pour bien représenter le continent. Avec la Pologne, le Japon et la Colombie, je dirais que notre groupe est homogène. Ce sont des équipes redoutables, il faudra donc bien faire attention pour espérer sortir de ce groupe et  ensuite, on verra ce qu’on pourra faire au second tour inch’Allah. On sait que ça va être une grande fête en Afrique de pouvoir passer au second tour. Bien sûr, on fera tout pour donner au peuple sénégalais de la joie. On sait qu’on n’a encore rien réalisé et j’espère qu’ils se déplaceront avec nous en Russie. On veut montrer au peuple européen notre joie de vivre et rendre fier notre nation.
En Algérie, on sera derrière vous, on voudrait avoir votre avis sur l’absence de l’Algérie dans ce Mondial-2018 ?
C’est vraiment dommage. L’Algérie avec ses joueurs talentueux est une équipe importante du continent africain. Elle aurait mérité d’être présente en Coupe du monde, c’est une grande nation du football. J’espère que vous allez pouvoir vous reconstruire et vous préparer à la prochaine CAN-2019 qui sera très disputée au Cameroun. J’espère aussi qu’ils vont se racheter et se qualifier pour la prochaine Coupe du monde. Sincèrement, j’aurais aimé aller en Russie avec Ghoulam mais bon… il est déjà dépité de rater ce Mondial. A Naples, il ne sera pas le seul absent en Russie puisque Insigne et Hamsik, qui sont des joueurs de classe mondiale, n’y seront pas aussi.
Un  dernier mot pour clore cet entretien Khalidou ?
 Je voudrais saluer tout le peuple algérien que j’aime beaucoup. Je leur fais un gros bisou et j’espère les voir très bientôt. Merci à vous d’être venu ici à Naples pour moi et à la prochaine, inch’Allah.

Entretien réalisé à Naples par Moumen Ait Kaci Ali

Publié dans : Kalidou Koulibaly

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