Interview

Slimani : «Une nouvelle page s’ouvre avec Gourcuff, on doit tous l’aider dans sa mission»

« La CAN 2015 ? Il faut d’abord passer les éliminatoires » «En Ethiopie, on sera confrontés au problème de l’altitude. Le Mali reste une grande équipe. Restons vigilants. »

Auteur : Moumen Ait Kaci Ali mercredi 06 août 2014 12:53

Dans cet entretien exclusif accordé au Buteur, Islam Slimani refait sa Coupe du monde et évoque l’avenir de la sélection qui abordera bientôt les éliminatoires de la CAN 2015. Islam nous parle aussi du départ de Halilhodzic et de l’arrivée de son successeur, Christian Gourcuff.

Islam, vous avez repris l’entraînement avec le Sporting, ça se passe comment pour vous ?
Tout se passe bien, Hamdoulillah, après quelques jours de repos bien mérités, place au travail maintenant. Une saison pleine m’attend avec mon club. Je crois avoir bien récupéré, j’espère profiter de cette période de préparation pour bien redémarrer la saison.
Et si on revenait un peu à cette Coupe du monde jouée au Brésil, quel bilan tirez-vous de votre participation sur le plan personnel ?
Je dirais que ce fut positif sur tous les plans. Je crois avoir rempli ma mission à chaque fois que j’ai joué. J’ai marqué 2 buts, j’ai délivré une passe décisive et j’ai été désigné deux fois meilleur joueur du match, je pense que c’est quand même satisfaisant comme bilan parce que  un Mondial, c’est le top du football !
Avec un peu de recul, qu’est-ce qu’on ressent lorsqu’on marque un but en Coupe du monde, de surcroit décisif comme celui face à la Russie ?
C’est une fierté énorme. Marquer en Coupe du monde est quelque chose de très grand. Je pense que c’est un rêve qui se réalise pour moi. Comme je l’ai dit, lorsque j’étais jeune, mon rêve était de revenir un joueur senior du WB Ain Benian, maintenant je joue au Sporting Lisbonne, j'ai eu le Ballon d'Or algérien, et je marque en Coupe du monde, Hamdoulillah, tout ça a défilé en quelques secondes dans ma tête lorsque j’ai réussi à marquer ce but décisif contre la Russie.
Une pensée particulière peut-être pour Nabil Hemani qui nous a quittés laissant derrière lui un vide difficile à combler comme l’a déclaré sa femme sur El Heddaf TV ?
Oui, j’ai suivi cela à la télévision et croyez-moi, c’était très émouvant. Je vous l’annonce en exclusivité, lorsque j’ai marqué le but contre la Russie, Wallah j’ai pensé à Nabil, Allah Yerahmou.   
Certains ont remis en cause votre distinction du Ballon d’Or, peut-on dire que vous avez bien répondu en confirmant dans ce Mondial votre belle saison au Sporting ?
C’est clair, comme je l’ai dit, j’ai toujours bien réagi dans la difficulté. Vous savez, les gens sont libres de critiquer, ça ne me touche pas plus que ça, j’essaye de ne pas faire attention. Maintenant, j’ai envie de remercier les personnes qui ont cru en moi.  
Des clubs huppés sont derrière vous, ou en êtes-vous en matière de contacts ?
Sincèrement, je m’entraîne avec mon club et je laisse mon manager s’occuper du reste.  Vous savez, au Sporting je ne manque de rien. J’ai repris l’entraînement et je travaille fort pour répondre présent à la reprise. Le reste ne me regarde pas. Après, en football on n’est jamais sûr de rien.
Sincèrement, vous réalisez ce qui vous arrive ?
Franchement, vous répondre par l’affirmative serait vous mentir. Maintenant, une chose est sûre, j’ai trop souffert pour y arriver. Je remercie Dieu qui m’a permis d’arriver là où je suis. Je n’ai que 26 ans et j’ai encore quelques années devant moi. Je compte aller au moins jusqu’à 32 ans dans le plus haut niveau, inch’Allah.
Halilhodzic qui a été derrière votre éclosion en sélection est parti, un petit mot sur son départ ?
Je dois d’abord dire que ce qu’on a réalisé jusqu’ici c’est dû au travail du coach Halilhodzic. Il a dû reprendre tout de zéro. On s'est qualifiés pour la première fois de l’histoire en 8es de finale de Coupe du monde, on est sortis avec les honneurs en livrant un grand match face à l’Allemagne et on a gagné le respect du monde entier. Maintenant, il est parti, il faut respecter sa décision.  
Justement, vous êtes dans la peau d’un favori pour la prochaine CAN 2015, est-ce votre avis ?
Il faut d’abord passer les éliminatoires.  Le football en Afrique est très différent de celui qu’on peut rencontrer en Europe ou ailleurs.  Jouer l’Ethiopie, le Mali, le Bénin ou le Malawi chez eux reste quand même difficile pour différentes raisons.
Un mot sur votre groupe dans ces éliminatoires, ça s’annonce à votre portée quand même ?
A notre portée oui, mais il faut avouer que ce n’est jamais facile de jouer en Afrique. Par exemple, en Ethiopie, on sera confrontés au problème de l’altitude. Jouer aussi au Bénin n’est pas facile. Le Mali reste une grande équipe. Restons vigilants.
Vous avez acquis une certaine expérience, cela ne devrait plus poser de problèmes…
C’est vrai, mais croyez-moi l’Afrique demeure, de par son climat très exigeant, un contexte bien particulier.
L’échec de la CAN 2013 est effacé et l’objectif est désormais d’aller chercher ce sacre africain en 2015…
 Je dois dire que la CAN 2013 nous a aussi beaucoup servis. On a gagné en maturité. Sans cet échec on ne serait jamais arrivé là peut-être.  Maintenant, dire que nous allons chercher le sacre africain est encore prématuré, mais ça restera toutefois notre objectif, inch’Allah.
  Après votre bonne Coupe du monde, vous endossez un nouveau statut, n’avez-vous pas peur ?
Ecoutez, si j’avais peur de la pression j’aurai choisi un autre métier. Quand on est footballeur on doit s’assumer. La pression existe tout le temps, et moi franchement je vis avec.
Comment passez-vous le Ramadhan ?
Tranquillement, je passe la journée à dormir. Je veille beaucoup ici en Algérie avec mes amis. Donc je suis obligé d’allonger mon sommeil durant la journée.
Vous avez une petite famille, des obligations peut-être durant ce mois sacré…
Ah oui, bien sûr, ma vie a changé depuis que je suis marié, je ressens plus de responsabilités, je m’occupe des petites courses du Ramadhan. Celles bien entendu qu’on peut faire quelques minutes avant le ftour, comme les limonades et le « Kelb El Louz ». (Rires.)
La saison commencera bientôt, quels sont vos objectifs pour cette année ?
J’ai joué la Coupe d’Afrique, j’ai participé à une Coupe du monde, maintenant je veux disputer la Ligue des champions.
Avec le Sporting alors…
Je ne sais pas encore. Laissons le Mektoub faire les choses, on verra bien.
Vous n’allez rien nous donner, vous êtes résolu ?
Non, franchement Wallah je ne suis pas trop occupé par ça. Je laisse tout à mon agent. Après, je suis au Sporting, c’est clair que mon club m’offre l’opportunité de discuter cette prestigieuse compétition.
Votre vie a-t-elle changé vis-à-vis des gens dehors et votre famille ?
Vis-à-vis de ma famille je suis resté le même. Dehors, les gens sont plus fiers, on ressent plus de considération de leur part. Ça fait plaisir.
Vous avez réussi à tromper la vigilance du monstre gardien allemand Neuer, mais sur une action contre lui, vous avez raté une belle occasion, racontez-nous tout cela…
C’est vrai, ce but que l’arbitre m’a refusé, je le voyais valable sur le coup. Après, on m’a dit que j’étais de peu hors jeu, je m’en veux parce que c’était une belle banderille. Je me dis encore qu’il aurait pu ne pas lever son drapeau, tellement c’était limite. Sur la sortie de Neuer, franchement il m’a surpris par sa rapidité. J’étais face au but, et soudain il est sorti à ma rencontre, c’est vraiment un très grand gardien.
L’Allemagne qui inflige un 7 à 1 au Brésil chez lui, a souffert contre l’Algérie, c’est aussi une fierté…
C’est normal, mais après les matchs ne sont pas les mêmes. On a tenu la dragée haute aux Allemands, c’est vrai mais ça reste pour moi la meilleure équipe du tournoi.
Vous avez souhaité leur sacre ?
 A vrai dire, j’étais pour l’Argentine. Je voulais que Messi soulève ce trophée qui lui manque.
 Les joueurs algériens sont devenus trop demandés, est-ce normal ou bien juste un effet surprise ?
C’est plutôt une reconnaissance. Avant notre grande Coupe du monde, les recruteurs européens nous voyaient d'un autre œil. Je pense qu’on a prouvé qu’on mérite d’évoluer dans des grands clubs.  Les Brésiliens sont des adeptes du beau jeu, de vrais connaisseurs, et leur reconnaissance est une fierté.
 Djabou inscrit un doublé, Halliche buteur contre la Corée, et vous inscrivez aussi 2 buts dans ce Mondial, le produit local reste performant quand même, non ?
Je leur conseille de croire en leurs chances. Je pense qu’il y a encore d’autres joueurs locaux capables de donner à la sélection. Il faut juste leur donner une chance comme Halilhodzic l’a fait avec moi, Djabou, Belkalem et, avant, avec Zemmamouche et Khoualed.
Gourcuff sera le futur entraineur, un mot par rapport à cette désignation ?
C’est un très bon coach. On va continuer à travailler sur la même lancée, inch’Allah. Une nouvelle page s’ouvre avec Gourcuff, on doit tous l’aider à réussir dans sa mission. Sa réussite sera aussi la nôtre.
Islam, on a appris qu’à vos débuts en senior à Chéraga, vous faisiez la quête pour rentrer à Ain Bénian, est-ce vrai ?
(Rires.) Oui, c’est vrai, j’étais le meilleur buteur de l’équipe comme vous dites. Maintenant Hamdoulillah, Dieu m’a tout donné. C’est pour vous dire qu’avec le travail et la persévérance on force parfois le destin et on réussit sa carrière.
Un dernier mot pour votre public ?
Je remercie tous les gens qui sont restés derrière nous jusqu’au bout. Un remerciement particulier pour mes fans qui m’ont adressé leurs encouragements dans les moments difficiles et Saha Aidkoum à tous. Inch’Allah tout ira mieux pour le monde arabe et musulman.

Publié dans : slimani Sporting CP

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